dimanche 25 août 2019

Les investisseurs veulent l’Uber et l’argent d’Uber


Ceci est un article en 3 épisodes sur Uber, Tesla et Netflix : les licornes de l’apocalypse.
J’avais écrit, il y a quelques mois sur le site Internet d’Objectif Eco, un article sur Tesla, Uber et Netflix, emblématiques selon moi de la déconnexion qui règne entre l’économie de bulle à Wall Street soigneusement entretenue par les banques centrales, et la vie réelle.
Il est temps de faire un point.

Commençons par Uber, la plus emblématique selon moi.
Uber perd de l’argent depuis sa création.  Le site The Week indique que l’entreprise aurait brulé près de 14 milliards depuis sa création.
La perte nette du 2ème trimestre s’élève à 5,2 milliards de dollars, dont une grosse partie, de l’ordre de 3,9 milliards provient des frais d’introduction en Bourse. On va dire, sans chipoter qu’Uber perd presque un milliard de dollars par trimestre.

Image tirée de l’article sur le site WolfStreet

Le problème principal d’Uber, c’est qu’elle n’a pas de business model.
Croyez-moi, cela arrive de temps en temps. Je connais quelques entreprises qui sont arrivées à des tailles respectables sans savoir ce qu’elles « devaient » vendre. Je pense bien sûr à Netscape qui est passée complètement un peu à côté de son business modèle. Mais rien de comparable à Uber.
Je ne dis pas qu’Uber n’a pas de business model simplement parce qu’une étude a montré que plus elle faisait de courses et plus elle perdait de l’argent.
Je dis qu’elle n’a pas encore trouvé son « modèle rentable d’affaires ».
Vu qu’ils n’ont pas trouvé leur business model, ils se définissent comme un acteur de la mobilité : ils essaient de bouleverser le marché des courses payantes, ils se lancent dans la livraison de repas, dans les recherches sur les voitures autonomes ( vu qu’ils ont bien compris qu’ils ne gagnaient pas assez d’argent sur chaque course), et dans d’autres choses encore



Vous voyez la différence avec Google, par exemple ? Google a une machine à cash, son moteur de recherche, avec un avantage concurrentiel énorme. La société peut donc se permettre d’explorer d’autres opportunités qui rapporteront de l’argent … ou pas.
Uber essaie de bouleverser un marché (celui des taxis), n’y arrive pas vraiment, et même sur son modèle disruptif, il doit affronter une compétition très féroce et ça lui coûte un pognon de dingue comme dirait notre bon président !
Pour étayer mon opinion, prenons le marché des transports de personnes en environnement urbain : Uber doit lutter contre Lyft aux USA, contre Didi (en Chine), Grab en Asie du Sud Est, Ola (en Inde), Yandex (en Russie),…
Et bien sûr, je ne parle pas des compagnies de taxis elles-mêmes qui développent leurs propres applis et modifient leur offre de service pour se rapprocher des standards Uber.
Sur le marché de la livraison de nourriture, il y a tellement de concurrents à Uber Eats que ce n’est même pas la peine de les mentionner. Leur point commun ? Ils perdent tous de l’argent ou bien sont à peine à l’équilibre.
Pourquoi un tel plantage ? Il n’y a pas de barrière à l’entrée telles qu’un petit concurrent plus agile ne puisse émerger…
Uber est un puits sans fonds, et après tout, je ne critique pas tant la société que l’un de ses pourvoyeurs de fonds, la société Softbank.
Le rôle néfaste de Softbank et de son fondateur Masayoshi Son, sont beaucoup trop passés sous silence. Quand la poussière se dissipera, j’espère que cela ne sera plus le cas et que l’on comprendra que Son était peut-être un génie à ses débuts, mais qu’il doit surtout sa bonne fortune à quelques investissements judicieux dans Alibaba et Yahoo!

Je ne vais pas simplement annoncer qu’Uber va se planter : ce serait trop facile et tout le monde le sait déjà. Je ne vais pas non plus annoncer quand ils vont se planter, parce que pour le coup, ce serait trop dur de trouver la date précise.  
Je vais simplement annoncer qu’Uber va être liquidée (ou reprise pour deux bouchées de pain) lors de la grosse crise qui commence déjà à pointer le bout du bout de son nez, et que ses déboires seront mis sur le dos de la crise justement.

Nous aurons droit aux discours du style : « Il n’y avait rien à faire » ou bien « c’était une super idée, … mais malheureusement LA CRISE est passée par là ».
Non, Uber n’était pas une bonne idée. Pour que ce soit une bonne idée, il aurait fallu qu’ils fassent simplement une app et qu’ils la mettent à disposition des taxis du monde entier pour fluidifier le taxi. Ils seraient restés une équipe de moins de 1000 personnes au niveau mondial, tout le monde aurait utilisé leur application et ils auraient faits de jolis profits. Ils ont voulu conquérir le monde…



La semaine prochaine, je parlerai de Tesla, puis de Netflix.
Et par la suite, je vais m’occuper de trois sociétés publiques ou sur le point de l’être et qui ne sont pas seulement des gouffres à pognon, … mais carrément des schémas de Ponzi : WeWork, BeyondMeat et … Impossible Foods.


vendredi 9 août 2019

Pourquoi il faut acheter de l’Or en 2019


Introduction
Je suis ravi de démarrer par ce premier article, qui est, je l’espère, le premier d’une longue série par l’exposé de mes pensées concernant l’or, même si je m’apprête malgré tout à déborder sur le sujet d’un métal promis, selon moi, à un avenir plus important, le métal argent.
Le sujet de cet article traine dans mon esprit depuis au moins Avril, c’est-à-dire qu’il anticipe de beaucoup la montée assez importante de l’or qui l’a vu allégrement dépasser la barre des 1400 dollars l’once (*)
Si vous ne souhaitez retenir qu’une seule chose de mon article, retenez ceci : l’or est de l’énergie condensée.
Dans un monde qui est amené à connaitre des faiblesses d’approvisionnement en énergie (ce sera l’objet d’un prochain article), l’or est donc l’une des meilleures (mais peut-être pas la meilleure) manifestation que l’on possède de l’énergie. Bien meilleure que le Bitcoin et l’ensemble des cryptomonnaies.  

Pour rester concis toutefois, il n’est pas question d’acheter de l’or sous une optique de concentration énergétique.
Il y a eu tellement de faux départs de l’or depuis son point haut temporaire en 2011 et il y a eu très régulièrement des articles, notamment de la part de Peter Schiff qui indiquent en permanence que les métaux précieux et l’or en particulier, sont sur le point de s’envoler…. Que toute crédibilité est difficile à établir.
Cependant je crois que le moment est finalement venu où la manipulation avérée ( !) des cartels bancaires va devoir prendre fin. A tout le moins, on peut parier qu’ils n’auront plus la possibilité de s’opposer avec autant de force au « canari dans la mine » que représentent les métaux précieux.
 Et donc, si l’on passe en revue les raisons qui font que 2019 pourrait bien être une année en or, on observe :

Les taux négatifs
L’un des reproches faits constamment à propos de l’or, en particulier par Warren Buffet, est qu’il ne rapporte rien. C’est une remarque totalement juste, et pourtant les taux négatifs coûtent aussi de l’argent à leur emprunteur. Quand on a le choix entre prêter de l’argent à un taux négatif ou bien l’investir dans des métaux précieux, de plus en plus cette dernière alternative s’impose d’elle-même.
L’article du 19 Juin 2019 d’Insolentiae met l’accent sur le fait que plus de 12 000 milliards d’obligations sont à rendement négatif.
Cela, c’était avant.
Il y a quelques jours, on apprenait que ce montant était passé à 15 trillions.
Les taux en Italie, grâce à l’action de la Banque Centrale Européenne se négocient moins chers que …
C’était déjà le cas de la Suisse avec, par exemple, des rendements à 50 ans offrant un taux négatif, mais l’Allemagne est une économie bien plus grande.
De manière générale, la Fed et pratiquement toutes les banques centrales du monde entier se rapprochent d’une situation de taux très faibles voire gratuits, ou pour le dire autrement, se préparent à imprimer « de grandes quantités de pognon ».
C’est l’invariant qu’il ne faut vraiment pas oublier en matière de valorisation : l’or est valorisé en dollars. Si la quantité de dollars vient à augmenter spectaculairement, tout à fait logiquement , le prix de l’or exprimé en dollars devrait monter d’autant… Ce qu’il n’a pas fait depuis un certain nombre d’années.  Au 31 Décembre 1999, une once d’or cotait 290 dollars… Mais c’était des dollars de 1999.

La mise en place de Bâle 3 (Basel III)
Concernant l’or, l’une des nouvelles les plus intéressantes du premier trimestre est passée relativement inaperçue : avec la mise en application des accords de Bâle III par la BRI (en anglais la BIS, Bank of International Settlements), l’or qui était classé en actif de troisième catégorie vient de passer en actif de 1ère catégorie.
Concrètement, l’or détenu par les banques peut maintenant être valorisé dans les livres comptables à sa véritable valeur et non pas avec une décote de l’ordre de 50%. Autrement dit, l’or est valorisé à son prix actuel.
C’est, au niveau bancaire, le premier changement d’envergure depuis des décennies pour l’or, et cela aura des implications énormes dans la durée. Basel III ouvre la voie à la remonétisation de l’or qui avait été abolie par les Etats-Unis en 1971 : pour être précis, Nixon avait parlé d’une suspension « temporaire » de la convertibilité du dollar en or. 
Bien entendu, un certain nombre de banques centrales en profiteront plus que d’autres, la banque centrale russe au premier plan.

Le pacte des banques centrales concernant l’or a pris fin
A peu près dans le même temps, un pacte signé entre la BCE, les dix-huit institutions monétaires de la zone euro ainsi que les banques centrales suisse et suédoise ont mis fin à un pacte vieux de 20 ans, selon lequel elles s’engageaient à ne pas vendre des quantités d’or au-delà d’un certain plafond pour ne pas bouleverser le marché.
Aujourd’hui, comme le souligne l’article des Echos, la situation a nettement changé, et même si le discours officiel est que cet accord ne se justifie plus, la vérité est que l’attitude des banques centrales vis-à-vis de l’or a véritablement changé.
Est-ce une conséquence de la raison précédente ? La demande d’or mondiale a fortement augmenté au 1er semestre de 2019. L’appétit pour l’or est au plus haut depuis 2016, tiré par des achats records de la part des banques centrales.
Selon cet autre article, les banques centrales, portées par celles de Russie, de Pologne et de Chine, n’avaient plus acheté autant d’or depuis 50 ans.
Même si le dollar US demeure l’étalon mondial en matière de mesure des prix, il faut bien comprendre que dans la livre anglaise, le yuan chinois et la roupie chinoise, l’or a atteint des plus hauts historiques.

Le changement de paradigme selon les grands gestionnaires
Une fois de plus, c’est Bruno Bertez qui a porté à mon attention, le changement relativement récent des grands investisseurs financiers, au premier rang desquels se trouve Ray Dalio.
Pour résumer, l’idée principale de leur discours est qu’il va falloir se méfier de l’ensemble des investissements (immobilier, actions, obligations) qui dépendent de l’inflation du bilan des banques centrales. Plus probablement, le focus devra être porté sur les investissements qui se portent bien lorsque la valeur de la monnaie se déprécie. C’est notamment le cas de l’or.
Ces gestionnaires de fonds sont rejoints dans leur raisonnement par les plus improbables des intervenants, les banquiers centraux. C’est notamment le cas d’Alan Greenspan, ex-patron de la Federal Reserve, dans cet article daté de 2015 et qui estime que l’or d’ici 5 ans aura un prix beaucoup plus important. 
On peut croire ce bon vieux Alan Greenspan sur parole : il est retiré des affaires depuis longtemps et suffisamment proche du moment où il pourra grignoter des pissenlits (par la racine) à longueur de journée.  En d’autres mots, il n’a plus rien à craindre pour sa carrière et peut se concentrer sur l’image qu’il souhaite léguer : celle d’un homme qui avait vu juste … même s’il a fait tout le contraire pendant sa période de « Chairman ».

Le coût du minage d’or augmente
L’or est une matière première comme le pétrole (voilà une porte ouverte qu’il ne m’a pas coûté cher de démolir). En tant que matière première, il y a une question qu’il faut systématiquement se poser : le coût d’extraction.
Ce dernier est orienté à la hausse.
Cet article du GoldTelegraph donne un coût total de l’extraction d’or et surtout de la quantité d’énergie qu’il faut pour extraire 1 once de métal précieux : les images parlent d’elles-mêmes.
L’indicateur qui mesure le coût total (All In Sustaining Cost ou bien AISC) est estimé pour 2019 à 1000 Dollars US pour 1 once d’or, et à mon avis cela place un cap sur la baisse potentielle même en cas de très sévère déflation.

Un dernier mot sur le métal argent…
Je lis beaucoup de choses sur le métal argent qui est remarquablement à la traine sur l’or en termes de valorisation (en dollars US, bien évidemment). L’une des citations les plus amusantes, c’est que l’argent n’est pas de l’argent … C’est quand même un peu moins ridicule en l’écrivant en anglais : « silver is not money ». Il y a au moins 14 langues répandues, dont le français pour lequel les mots désignant le métal et celui désignant la monnaie sont confondus.
Comme il y a beaucoup de choses à dire et que mon temps est limité, je dirais simplement que pendant des centaines d’années le ratio de valorisation entre l’argent et l’or était compris entre 12 et 15. Ce ratio n’est pas sorti du chapeau : il correspondait tout simplement à la disponibilité de chacun de ces métaux avec les moyens de l’époque. Autrement dit, il y avait à peu près 15 fois plus d’argent que d’or. Aujourd’hui, ce ratio dépasse les 80 (et même les 85) alors que la production est inférieure à la demande depuis plusieurs années.
Depuis 2011, le métal argent a été reconnu par l’Union Européenne comme une matière première minérale critique.
Donc oui, le métal argent va monter… Beaucoup plus comparativement que le métal or. C’est même lui qui donnera le top du vrai départ.
En matière de revalorisation des métaux précieux, ce que nous avons vécu en Juillet-Août 2019 n’est qu’un apéritif.

(*) C’est mignon : je relis mon article avant de le publier, et le cours du métal jaune n’est plus de 1400 dollars mais de 1500…


L'excellente surprise Sarah Knafo !

 Je démarre cette année 2025 avec un article dédiée à Sarah Knafo, l'excellente surprise de cette année 2024 qui s'est pourtant révé...