dimanche 29 janvier 2023

Steve Jobs

Je viens de regarder "Steve Jobs", un film de Dannie Boyle sorti en 2015 et ce que j'en ai vu m'a conforté dans mon opinion : cet homme était une ordure, un type complètement malsain et son soi-disant génie créatif ne peut absolument pas contre-balancer le minable qu'il était dans la vie de tous les jours. 


A la décharge de Mr Jobs, Steve Wozniak (et d'autres) ont par la suite déclaré en interview que le film avait très certainement trop accentué sur la méchanceté du personnage et sur certaines scènes en général

Mais en fait, je ne veux pas m'étendre sur la personnalité disons clivante du personnage. 
Ce que je souhaite mettre en avant dans cet article, c'est l'idée selon laquelle Steve Jobs a eu une chance incroyable dans sa vie professionnelle. 

Il est arrivé sur marché naissant, celui de la micro-informatique. C'était un secteur amené à jouer un rôle essentiel dans le développement économique des décennies suivantes, mais personne ou presque ne le savait, personne ne pressentait à quel point l'informatique serait partie intégrante de nos vies. 

Steve Jobs est arrivé sur le bon créneau au bon moment : le succès initial de l'Apple I et surtout de l'Apple II ( la page Wikipedia) lui a donné les coudées franches pour assouvir toutes ses lubies dont l'écrasante majorité n'ont tout simplement pas fonctionné. 
Auparavant, la micro-informatique était vu comme un hobby de programmeurs : c'est le succès du tableur Visicalc sur Apple II qui a donné à IBM l'envie d'investir dans la micro-informatique. 
Le film d'ailleurs ne se prive pas pour rappeler les nombreux échecs de Steve Jobs dont certains furent particulièrement embarrassants
Sauf que : Steve Jobs était déjà riche, auréolé de sa réputation de créateur visionnaire (alors qu'il n'était pas vraiment ni le créateur ni même le designer des produits Apple) et surtout sur un secteur où il était normal de se tromper.  

Steve Jobs a donc lancé sa startup au bon moment. Certes, mais Steve Jobs est aussi arrivé au bon endroit : la Silicon Valley. Son rêve de startup de la micro-informatique n'aurait pas pu se concrétiser ailleurs. Il n'existait nulle part une telle concentration de talents, d'industries et de capital pour permettre à une entreprise de micro-informatique de prospérer. Rappelons tout de même que le micro-ordinateur a été inventé en France : la première machine était le Micral N de François Gernelle. La société française R2E qui en était l'inventeur n'aurait jamais pu se développer comme l'ont fait les américains. 

J'ajouterais une quatrième chance extraordinaire : Steve Jobs a su s'entourer de génies industriels, techniques et commerciaux qui ont été capables de donner vie à ses lubies. Jobs n'a été que le chef d'orchestre comme il l'avoue bien volontiers dans le biopic. 


Je reconnais facilement que je suis un peu biaisé : personnellement, je n'ai jamais acheté un produit Apple et je n'ai aucunement l'intention de le faire. 

Les produits Apple sont certes souvent innovants, mais ils arrivent sur le marché à un coût qui me semble systématiquement prohibitif. L'exemple le plus criant est bien sûr l'iPhone. Sur ce marché du smartphone, ces dix dernières années ont vu Apple rétrograder au rang de suiveur sur la plupart des sujets.

Mais ce qui est le plus pénible chez Apple, c'est bien entendu cette volonté, assumée, de maintenir un écosystème aussi fermé que possible. Là encore, le film le montre clairement : ce qui agace principalement Jobs à propos de l'Apple II, ce n'est pas qu'il a été conçu par quelqu'un d'autre que lui, c'est avant tout qu'il s'agit d'un système ouvert ! 

Je n'adhère pas à l'idée que le produit est tellement bien qu'il faut en verrouiller tous les aspects et ce, afin d'enfermer l'utilisateur dans ses produits. Je viens du monde Linux où l'ouverture du code est l'un des aspects les plus importants. 

Le point essentiel lorsqu'on a une idée de nouveau business est de se poser les 2 questions suivantes : 

  • Est-ce que le terrain sur lequel je me lance est complètement vierge ... ce qui me donne une période de liberté pour me développer avant que les gros acteurs ne tentent de me rattraper ?
  • Est-ce que le marché sur lequel j'agis est suffisamment gros et amené à grossir encore davantage dans le futur ? 

Depuis 40 ans, les vagues d'innovations qui se sont succédées mettent en avant des secteurs dans lesquels il est possible de creuser rapidement son sillon : les semiconducteurs, la micro-informatique, les applications de postes de travail, l'Internet, les logiciels en mode SaaS, la blockchain, l'intelligence artificielle,...

A ces 2 questions de base, on pourrait en rajouter 2 autres : 

  • Est-ce que ma situation personnelle me permet d'entreprendre sans contraintes ? Par exemple : si vous êtes déjà riche (ou pensez l'être), vous verrez que la création d'entreprise sera plus simple que si vous lancer votre boite pour payer vos factures. Attention malgré tout à conserver un certain "stress de la réussite". 
  • Est-ce que je vais avoir la capacité d'attirer à moi rapidement les candidats motivés et qualifiés qui vont me permettre de mettre en musique ma partition entrepreneuriale ? 

Si vous répondez "oui" à ces 4 questions et que vous êtes courageux et persistent, foncez ! Vous allez réussir.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

L'excellente surprise Sarah Knafo !

 Je démarre cette année 2025 avec un article dédiée à Sarah Knafo, l'excellente surprise de cette année 2024 qui s'est pourtant révé...