samedi 2 novembre 2024

Rings of Power Saison 2 : encore plus nul que ce que je craignais !

J'ai enfin pris sur mois de terminer le visionnage complet de la deuxième saison de la série Les Anneaux de Pouvoir et je pense mériter une médaille à ce titre.

Ce que j'ai vu est plutôt excécrable et dénote à la fois d'un manque d'imagination et d'un manque de respect de l'oeuvre de Tolkien. Je m'étais déjà farci en 2022 la saison 1 que j'avais trouvé très moyenne. Mais à ce moment là, j'avais décidé de faire preuve d'indulgence. Il faut souvent un peu de temps à une série télévisée pour mettre en place l'ambiance, les personnages et concevoir tous les "noeuds" de l'intrigue qui seront patiemment dénoués dans les saisons suivantes. Et puis, il faut le reconnaitre les paysages, les décors et les costumes remontaient un peu le niveau. Pour la seconde saison, le charme s'est dissipé et on s'attend à un tout cohérent sur le plan de la série. De ce point de vue, la déception est totale.


Commençons par les personnages, qui ne ressemblent en rien à leur description dans le Seigneur des Anneaux ou même le Silmarillion. 

Mention spéciale pour Galadriel qui souffre vraiment de la comparaison avec son alter ego des 3 films, incarnée par Cate Blanchett. Une image vaut mille mots :

Les autres personnages ne sont pas en reste: Gil-Galad est en permanence complètement à l'Ouest (si j'ose dire). Même après avoir le dernier épisode, on a du mal à l'imaginer combattant Sauron. Elrond passe son temps à faire des manigances et se permet d'embrasser Galadriel, sa cousine.

Le soi-disant révélation de fin de saison selon laquelle l'Etranger est l'Istar Gandalf tombe bien sûr complètement à plat (puisqu'elle a déjà annoncé à demi-mots dans la fin de la première saison), donne une mauvaise image de ce magicien qui est l'un des personnages majeurs du Seigneur des Anneaux et est bien sûr incohérente.   

Je passe rapidement sur le côté ultra-woke de l'émission avec l'impérieuse nécessité d'avoir des représentants de toutes les ethnies parmi la population des Elfes, des Hommes, des Nains et même des Hobbits. On sent que s'ils pouvaient placer un homosexuel, ils le feraient. En écrivant cela, je ne suis pas homophobe, mais je dis juste que les préoccupations sociales de notre époque n'ont rien à voir avec le "lore" de Tolkien. 

Il y a également un gros problème avec le personnage de Tom Bombadil : on sent que les concepteurs de la série utilisent ce personnage éminemment symbolique comme solution "putaclic" pour attirer des spectateurs. Le fait de l'entendre reprendre les mêmes mots que Gandalf dans le premier tome "la Communauté de l'Anneau" prouve que les scénaristes n'ont aucune capacité inventive. 

En résumé, par rapport aux livres du professeur Tolkien, cette oeuvre est une "fan fiction" avec un nombre de libertés prises tel qu'elle ne peut plus prétendre respecter l'oeuvre. 
Après tout, pourquoi pas ? Mais dans ce cas-là, il faudrait au moins avoir une histoire cohérente et rythmée.

Or, il n'y a absolument aucun rythme : les histoires s'enchainent sans rapport les unes avec les autres et sans "climax" de fin pour les relier d'une manière ou d'une autre. Quel lien entre la quête de Nori, de Poppy et de l'Etranger, les manigances au royaume de Numénor et l'ascension d'Annatar au royaume d'Eregion, sans compter bien sûr ce qui se passe chez les Nains, ... La plupart du temps, chaque épisode est obligé de se perdre en dialogues insipides pour essayer en vain d'apporter un lien entre chaque scène. 

J'ai gardé le meilleur (ou le pire) pour la fin : l'intrigue ne tient pas debout une seconde. Quelques exemples : 

  • Annatar (Sauron) s'introduit en Eregion, supplie Celebrimbor de l'accepter en tant qu'apprenti et en devient le boss en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, à tel point que le commandement militaire prend ses ordres de lui et non plus de Celebrimbor. 
  • Le périple d'Isildur en Terre du Milieu n'est pas du tout crédible et il tombe bien sûr amoureux de la première paysanne venue alors même qu'elle vient de le poignarder. Les exploits accomplis par son cheval pour le retrouver ne sont pas crédibles une seule seconde. 
  • Les décisions de l'Elfe Noir Adar ne sont pas non plus cohérentes : il craint Sauron et passe son temps à vouloir le supprimer une bonne fois pour toute alors qu'il affirme de manière répétée l'avoir tué dans une scène du premier épisode (plutôt réussie d'ailleurs !)
  •  Le comportement de Celebrimbor est également absurde au mieux : sa façon se faire piéger par Annatar, son comportement ridicule avec Gil-Galad et même Galadriel et même son niveau d'implication dans la création des Anneaux de pouvoir ne sont pas logiques. 


Je vais essayer de trouver un élément positif à ce naufrage : les décors continuent d'être somptueux et même s'ils ne compensent pas la sensation globale de gâchis, rendent la pilule un peu plus douce à avaler. 

Qui sont les coupables ? Amazon bien sûr et au premier rang, Jeff Bezos dont on sait qu'il a voulu sa propre série emblématique sur Prime pour faire concurrence au Game of Thrones de HBO. 

Mais les principaux responsables selon moi, sont les "show runners" de la série, messieurs J.D. Payne et Patrick McKay. Comment a-t-on pu laisser ces deux scénaristes dont le C.V. ne contient rien de percutant à la tête d'un show estimé à plus d'un milliard de dollars (en incluant les droits d'acquisition) ? 
J'ajouterai un blâme spécifique à Simon Tolkien, "conseiller technique" de la série et petit fils de John Ronald Reuel. Son grand-père doit se retourner dans sa tombe. 


Qu'aurait-il fallu, selon moi, incorporer à cette série pour qu'elle connaisse un succès plus conséquent, en particulier auprès des fans ? 
Lorsqu'on conçoit une série de cette importance, il est essentiel de penser au climax de chaque saison. L'exemple ultime de la série réussie (je n'en ai certes pas regardé beaucoup) demeure pour moi Breaking Bad.
Le personnage de Sauron est surexploité en permanence avec ses doutes et ses échecs. Il est présenté en alternance comme un personnage surpuissant (cf. le duel de fin de saison avec Galadriel) ou bien un pauvre type un peu égaré. Il aurait mieux fallu que Payne et McKay s'inspirent de la manière dont le Seigneur des Anneaux est décrit par Tolkien : de manière le plus souvent indirecte. Son effroi est tel qu'il est laissé à l'imagination du lecteur. Il aurait pu être possible de parler de l'action de Sauron au travers des dialogues entre les autres personnages majeurs. 

Une partie non négligeable de l'échec scénaristique tient donc probablement au fait que les studios Amazon n'ont pas les droits du Silmarillion. Pas sûr pour autant qu'ils aient respecté l'esprit des oeuvres de l'écrivain. 


Est-ce que je regarderai la saison 3 ? Probablement pas. Il y a une limite à la charité. Je laisserai le mot de la fin au professeur Tolkien : 



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