Je me souviens encore avec émotion de chacune de mes
rencontres avec Jacques Chirac.
J’enfonce une porte ouverte en disant qu’humainement Chirac
était exceptionnel.
Par contre, je suis peiné de voir qu’il faudrait presque
prendre la peine d’expliquer pourquoi il était un très mauvais président.
Un sondage du Figaro indique qu’ils sont 55% à considérer qu’il
a été un bon président.
Et là, on se dit que les français sont des veaux !
Et puis, on se dit que ce n’est pas bien d’insulter les
veaux.
Je ne vais pas rentrer dans le débat d’expliquer pourquoi
Jacques Chirac, même s’il a beaucoup aimé la France et les français, était un mauvais
président (pas autant que Mitterrand, n’exagérons pas).
Je vais parler de la personnalité et surtout de la vie de
Chirac !
A l’annonce de sa mort, j’ai pris le temps de me replonger
dans sa biographie, et j’étais agacé : le type a eu une vie incroyable… A
la limite, la politique, c’était un bonus.
J'étais aussi agacé, reconnaissons-le, parce que, pour faire ce qu'il voulait faire, il fallait avoir accès à un fric monstre.
Je savais déjà qu’avant son élection, il était allé plus de
50 fois au Japon (d’où les rumeurs…). Je ne sais pas si vous imaginez le coût
pour aller en avion au Japon dans les années 70.
Chirac était un homme extrêmement cultivé qui pouvait se
donner le luxe de souhaiter passer pour un inculte : la plupart du temps, c’est
quand même l’inverse.
Chirac a eu des aventures incroyables, a pu voyager dans le
cadre de ses fonctions, coucher avec toutes les femmes qu’il souhaitait (le
pouvoir attire les femmes, comme l’étron attire certaines mouches)...
Il a pu faire tout cela, parce qu’il n’avait pas de soucis d’argent.
Simplement le souci de se faire élire.
Je ne sais pas vous, mais moi, je me dis que ce type aurait
fait un excellent conservateur du Musée Guimet !
Mais pas un président de la République. Et tout naturellement, je
veux faire l’analogie avec de Gaulle.
Charles de Gaulle est fait pour être président de la
République. Notre pays tout entier coule dans ses veines. Il est la France,
avec ce qu’il faut de stratégie, de majesté, de constance dans l’action et la
réflexion, de profondeur de vue…
De Gaulle est irréprochable et spartiate.
Chirac est un goinfre, et quoi qu’il s’en défende, ses
abus ne font pas pschitt…
Il est excellent dans la conquête du pouvoir et minable dans
son exercice.
Et justement, là où je veux en venir, c’est que Chirac est
un jouisseur. Il est adapté à pratiquement n’importe quelle époque et n’importe
quelle situation. Quelles que soient les circonstances, son charisme lui permet
d’occuper une position élevée. Avec un peu de constance et beaucoup de chances,
il peut occuper la fonction suprême. Et c’est ce qu’il a fait. Deux fois.
Pour que Charles de Gaulle soit élu président, il a fallu une
conjoncture exceptionnelle. S’il n’y avait pas eu la deuxième guerre mondiale,
il n’aurait peut-être pas dépassé le statut social de sous-secrétaire d’Etat à
la Guerre.
Son honnêteté intellectuelle et sa probité l’auraient empêché de
recourir à tous les coups bas et tous les « assassinats politiques »
auxquels les politiciens de métier n’hésitent à se livrer.
Ce sont les circonstances qui façonnent les Très Grands
Hommes et leurs donnent la visibilité qu’ils méritent. Ne l’oublions jamais.
Il y a d’autres enseignements à tirer de cette comparaison,
mais ce sera l’occasion d’un prochain billet.
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