samedi 11 avril 2020

L'or, l'argent et le platine...


J'aimerais écrire plus souvent des articles sur lesquels on puisse se retourner quelques années plus tard, et se dire "que n'aurait-il fait ou pas fait à ce moment là, s'il avait su ?"

Comme toute personne qui ne dépend que des revenus qu'il gagne et qui n'a aucun filet de sécurité professionnel, je passe un peu de temps à étudier pour faire des décisions d'investissements, et je me trompe régulièrement. Donc, mon avis ne doit pas être pris comme celui d'un expert.

L'une des raisons pour lesquelles je me trompe régulièrement est mon "biais pessimiste" que j'entretiens malgré moi, depuis 2008 : j'ai du mal à croire que les choses puissent continuer en l'état, avec des déficits abyssaux, des interventions de banques centrales gargantuesques,... Mais tout cela continue. Et progressivement, l'économie des états devient administrée au profit d'une certaine plutocratie, sans que la plupart des individus n'y trouve quoi que ce soit à redire. Les gens à qui je parle ne comprennent même pas pourquoi je m'en inquiète.

Enfin bref,...

J'aimerais pouvoir retourner en 1999 et acheter de l'or. Ou bien en 2009 et acheter n'importe quelle action, sachant qu'à ce moment-là, les banques centrales s'apprêtent à déclencher la plus grosse orgie financière que le monde ait jamais connu.
Ou bien en 2014 et acheter du Bitcoin, en réaction de défiance justement à cette impression monétaire débridée des banques centrales du monde entier.

En 2020, c'est plus délicat... En tout cas, cela semble moins simple.
Il y a bien sûr les cryptomonnaies, mais cela parait incroyable de penser qu'elles pourront encore monter jusqu'au ciel, même si ce n'est pas exclu.
Je me souviens qu'en 2013, si l'on m'avait dit que le BTC qui était aux environs de 70 dollars monterait à 700 dollars, j'aurais eu un peu de mal à le croire.
Aujourd'hui, il est à 7 000 dollars, et si on me disait qu'il monterait à 70 000 dollars, j'aurais également un peu de mal à le croire (mais moins de mal que la dernière fois, finalement).

Il y a quand même certains graphiques qui me laissent rêveurs, et d'autant plus au moment précis où d'une part la Fed (la Federal Reserve, donc) annonce un plan d'injection monétaire de 2 300 milliards de dollars. Mais surtout, pour le dire comme Philippe Bechade, la Fed abolit l'économie de marché : plus précisément, elle vient de s'autoriser à acheter n'importe quelle dette de marché, peu importe sa notation.

Commençons par le graphique de l'or, dont je tire le graphe sur 20 ans de BullionVault. Bien entendu, ce prix doit être exprimé en dollars US, qui est la monnaie de référence, le prix de l'or en Euros n'étant qu'un avatar dérivant du rapport $/€.


On voit bien que les prix se rapprochent de leur plus haut historique qui s'est établi autour de 1900 US Dollars en Août 2011, alors que les craintes liées au Quantitative Easing de la Federal Reserve avaient encore un impact sur les prix.
Clairement, l'or est dans une bonne tendance, et nous n'en sommes qu'aux débuts de la crise du COVID-19.
Compte tenu des plans de création monétaire que j'ai brièvement décrit plus haut, il ne serait pas étonnant que l'or revienne voire dépasse ses plus hauts historiques, ce qui serait un signal très fort pour les tenants de l'analyse technique.
A cette date, Avril 2020, l'or à 1685 USD l'once est donc un bon investissement, et surtout son profil de risque est plutôt correct. Il parait peu probable que la valorisation s'écroule, même en dépit des manigances du COMEX, compte tenu des difficultés récentes de raffinage et d'approvisionnement.

Maintenant, parlons du métal argent. Bien entendu, une image vaut mille mots.


L'argent a connu une baisse spectaculaire, ces dernières semaines, du même ordre de grandeur, et même pire encore, que celle de la crise financière de 2008-2009. C'est incroyable à dire, mais à 15,42 USD, l'once d'argent est inférieure à son prix moyen de toute la décennie 2010.
Quand j'énonce cette vérité, il faut bien comprendre que pour évaluer le prix d'une chose dans une unité de valeur, il est nécessaire de prendre en compte les changements de quantité de cette unité de valeur. Autrement dit, le prix d'une once d'argent en dollars US n'a que peu évolué dans cette décennie, mais le nombre de dollars créé dans le système a évolué dans des proportions absolument gigantesques et qui restent très difficiles, voire impossible, à mesurer précisément.
Il n'est que de regarder, le bilan de la Federal Reserve pour voir que quelque chose s'est produit ces dernières semaines :

Et la Fed n'est que l'un des acteurs, et certainement pas le plus important, de création de la monnaie...

Le prix d'un once d'argent à 15,42 USD l'once n'est pas normal, compte tenu des créations monétaires coordonnées et des interventions étatiques qui se sont produites dernièrement. Mais j'y reviendrai.

Ceci dit, le plus important pour moi, c'est le graphique, sur 20 ans, du platine, présenté ci-dessous :


Voici la charte en question, et elle est incroyable ! Le prix d'une once de platine en ce moment est à 751 US Dollars. Ce prix n'a pas été aussi bas depuis très longtemps, même pendant la crise de 2008-2009.
Are you fuckin' kidding me ? 
Pour retrouver un prix aussi bas du métal platine, il faut remonter à Octobre 2003.
Est-ce que vous avez conscience du niveau d'impression monétaire dans le monde entier (particulièrement en Chine) qui a été effectué depuis 2003 ?

Alors, je sais bien, très bien même, que le platine n'est pas considéré comme un métal d'investissement, qu'il est très rare, et que si l'on plaçait tout le platine jamais extrait dans une piscine olympique, il n'atteindrait que nos chevilles (selon le World Platinum Investment Council), qu'il n'intéresse que les fabricants de pots catalytiques, et qu'il n'intéressera plus jamais personne...

Mais là, ça va beaucoup trop loin.

Pour tout vous dire, en Mars, le prix du platine est même tombé en dessous de 20 000 USD le kilo.
Et je n'en ai pas profité. J'avais trop le nez dans le guidon.

Et pourtant, je suis assez fan du platine. Cela fait un bail que je pressens que ce métal est important, même si je n'ai pas renouvelé le nom de domaine acheterplatine.fr que j'avais acheté en 2017.

Imaginez : nous sommes en Janvier 2022, et vous avez le droit de regarder un indicateur et un seul avant de revenir dans le temps présent. Que regardez-vous ? La température à l'extérieur, le déficit du commerce extérieur français, le niveau du S&P500, la valeur €/$, le cours du Bitcoin, le cours de l'or, de l'argent, du platine ?

Il faut malgré tout être pondéré et reconnaître que l'augmentation du prix des métaux précieux ne sera pas garantie dans le temps.
Les pouvoirs en place, principalement les banques centrales, mais aussi leurs affidés, les gouvernements, feront tout ce qu'ils peuvent pour combattre l'augmentation du prix des métaux précieux. C'est ce qu'ils ont fait ces dernières années, avec un certain succès, il faut bien l'admettre.

Lorsque l'on souhaite que le prix des métaux précieux, exprimé en dollars, augmente, il est légitime d'admettre que, quelque part, on reconnait le pouvoir implicite du dollar.
Nous ne sommes pas encore dans la situation où, comme l'explique Gresham, la mauvaise monnaie (la monnaie papier) chasse la bonne ... puisque l'on cherche encore  à revenir dans la monnaie papier, en ayant réalisé une plus-value entre temps.

Il n'empêche que tout incite à une augmentation de valorisation des monnaies ne dépendant pas des banques centrales ( cryptomonnaies et métaux précieux), mais tout est cela est bien entendu contrôlé et nécessite de montrer la plus grande patience d'attendre que les forces du marché se révèlent plus importantes que les forces de l'impression monétaire.

En parlant de patience, je trouve que l'action du comité d'organisation du tournoi de Wimbledon est remarquable et mérite d'être soulignée.
Pendant des années et des années (pendant 17 ans), le comité d'organisation de Wimbledon a payé chaque année 2 millions de dollars pour s'assurer contre le risque d'une pandémie.
Le coût total de cette assurance est donc de 34 millions de dollars.

Cette année, en 2020, le tournoi a été annulé pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale. Le comité a touché environ 141 millions de dollars selon le Boston Globe.


Je l'avoue, je suis admiratif. Je n'aurais pas été le dernier à proposer de supprimer cette assurance de 2 millions d'euros.

Tenir sa stratégie quand on y croit vraiment et qu'on peut la justifier à tout instant : cela compte vraiment et cela fait la différence.

A terme, l'inflation et donc les prix des actifs, vaincra très probablement, car ceux qui ont la "printing press" font tout pour qu'elle gagne.

Comme l'indique Bruno Bertez : "je vois venir le temps de l'inflation mais il faut laisser le temps au temps, n'est-ce pas ?"

Et donc, il est préférable d'anticiper, de suivre le proverbe : celui qui panique en premier, panique le mieux.
Je ne sais pas pourquoi, mais je préfère le dire en anglais " He who panics first, panics best".





























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