Depuis combien de temps est-ce que j'ai envie d'écrire sur cette bulle des soi-disants licornes Internet ?
Je ne sais plus, j'ai oublié...
Et d'ailleurs, nous ne sommes pas sur une bulle Internet classique comme à la fin des années 90s.
J'en suis convaincu.
Nous sommes sur une bulle des banques centrales qui déborde de partout : immobilier, oeuvres d'arts,... et startups high-tech.
Un grand nombre de fonds et d'intérêts financiers cherchent le prochain Microsoft, le prochain Cisco ou le prochain Google sur les Netflix, les Uber et les WeWork d'aujourd'hui.
En tout cas, n'ayant que peu de temps à y consacrer, j'ai choisi d'écrire sur WeWork, d'abord parce qu'il s'agit du parangon de toutes ces sociétés nuisibles qui n'apportent aucune valeur à la société tout en prétendant y révolutionner les usages, ensuite et surtout parce que derrière WeWork, il y a Softbank, et en particulier Masayoshi Son, l'ultra-abruti, le méta-crétin, le super-blaireau qui est responsable à lui seul d'une grande partie des excès de cette bulle des dotcoms 2.0.
Par où commencer quand on parle de WeWork ?
Pff... C'est difficile.
Je crois bien que je vais commencer par l'article de Simon Black du blog Sovereign Man : lisez-le; il résume très bien la situation, mieux que je ne saurais le faire...
En bref, en 2010, un type pas très connu jusque là, du nom d'Adam Neumann décide de faire des locations courts termes aux entreprises en souscrivant à des contrats de bail de plus long termes du style 3-6-9.
Jusqu'ici, il n'y a pas grand chose d'original : Regus et d'autres sociétés font la même chose depuis des dizaines d'années, et soit (la majorité du temps) font faillite, soit elles gagnent un peu d'argent en facturant extrêmement cher des services de base. C'est d'ailleurs comme cela que Regus gagne un peu d'argent, après avoir fait faillite en 2003.
Là dessus, WeWork a fait 2 changements : d'abord rendre les bureaux "cools" pour les jeunes, avec du café (équitable) gratuit, un baby-foot, une manucure pour les chiens de compagnie, et j'en passe et des meilleurs.
L'espace WeWork, rue de Navarin - Bientôt disponible ... ou pas !
Le deuxième, c'est de dépenser sans compter, où plutôt en comptant de sorte que le trou soit le plus gros possible, et pour cela, il fallait un pygmalion, et c'est là où intervient Monsieur Son (ofabitch).
L'article de Simon Black est intéressant pour comprendre à quel point Neumann n'est pas dupe lui-même des absurdités qu'il raconte, quand bien même il est incomplet !
Par exemple, il vend les droits du nom "The We Company" à la société WeWork, dont il est le fondateur, pour 6 millions de dollars.
Par exemple encore, il loue de l'argent à WeWork pour acheter des bureaux qu'il reloue à WeWork en encaissant un profit au passage. C'est impressionnant !
Par exemple toujours, il vend des centaines de millions de dollars de ses propres actions, tout en parvenant à convaincre les investisseurs d'investir dans WeWork.
Arrivé à ce stade, on a déjà envie de vomir.
Il devrait y avoir un documentaire sur la manière absolument époustouflante dont Neumann a trompé l'ensemble des actionnaires qui lui avaient fait confiance, au premier rang desquels Masayoshi Son.
Là où c'est incroyable, c'est lorsqu'on observe sur la décennie écoulée, la boulimie d'acquisitions de locaux par rapport à la croissance de leur chiffre d'affaires : c'est comme il y avait une volonté assumée de dépenser le plus possible et le plus rapidement possible ! Des bureaux, vite ! A Tokyo, Manille, Guangzhou, et n'importe où....
Si vous vous intéressez un peu à l'histoire de WeWork, en tout ce qu'elle explique des excès de la décennie écoulée, et comment nous allons les payer, avec les intérêts, dans les décennies à venir, il y a 2 articles à ne pas manquer et tous les deux sont du même auteur génial, Scott Galloway.
Je prends le temps de bien les détacher car je suis inquiet à l'idée que vous puissiez ne pas les lire :
- WeWTF
- WeWTF Part Deux (en français, dans le titre)
La lecture de ces 2 documents est hautement recommandée pour comprendre à quel point WW est un condensé de tout ce qu'il ne faut pas faire, combiné à une arnaque de haut vol quand on examine froidement les agissements de son fondateur.
Soyons bref, car j'imagine que tout le monde ou presque connait la chute, l'entrée en bourse (l'IPO) de WeWork, initialement prévue pour Septembre 2019 n'a pas eu lieu.
Au milieu du mois d'Août, les documents remplis pour l'introduction en Bourse permettaient de se rendre compte que la valorisation de 47 milliards de dollars résultait uniquement d'un accord entre 2 personnes : Adam Neumann et Masayoshi Son, et que l'engagement de Masayoshi Son garantissait qu'il serait le premier à pouvoir sortir une fois l'introduction en Bourse effectuée.
A la suite de cette annulation, Softbank a dû intervenir et s'engager à une augmentation de capital de l'ordre de 3 milliards de dollars en rachetant les parts des fondateurs.
Dans le contexte de ce deal, Adam Neumann devait se délester de ses parts et quitter le conseil d'administration contre un versement de plus de 200 millions de dollars, ce qui était absolument scandaleux.
L'objectif de cette action, visant à annuler les droits préférentiels que Neumann s'était auto-attribué, avait eu pour effet de forcer Softbank (et non pas son fonds Vision Fund) à racheter à une valorisation réduite à 8 milliards de dollars.
Vers la mi-Mars 2020, heureusement, Softbank a annoncé qu'il annulait ce rachat d'actions, mettant en avant le non-respect de certains objectifs pris par les dirigeants. Dans la foulée, et fort logiquement, WeWork a porté l'affaire en justice.
Derrière les apparences de façade, la question est de savoir qui va payer et personne n'a envie de le faire, car cela sent mauvais.
En tout et pour tout, Softbank a annoncé avoir investi en direct et via son fonds d'investissement, pratiquement 14,25 milliards de dollars dans WeWork.
Il y a 3 jours, une autre nouvelle d'importance nous arrivait : WeWork a commencé à ne plus payer ses locations longues durées, ce qui n'est pas trop étonnant puisque ses bureaux sont vides... Et ce, alors même que la crise du coronavirus a vidé les bureaux.
Et pourtant l'épidémie virale n'est pas franchement responsable du problème. Selon cet article de Zerohedge qui cite une étude de CBRE, l'activité de leasing de WeWork s'est effondrée de plus de 90% entre le 3ème et le 4ème trimestre 2019.
C'est le début de la fin, mais le début seulement, car je pense pouvoir être en mesure de vous garantir ceci : après la crise et le confinement, un grand nombre de sociétés et pas seulement des startups vont s'apercevoir qu'elles peuvent fonctionner tout aussi bien, et pour beaucoup moins cher, si la plupart des acteurs peuvent travailler de chez eux.
Le business modèle de WeWork est fini, mort, pas encore enterré, mais cela ne saurait tarder.
Et en plus, ils ont même un bouc émissaire sur lequel blamer leurs échecs : "notre idée était absolument géniale, ... mais c'est le Covid-19 qui nous a donné le coup de grâce".
Softbank le sait, et même si ça fait du mal à l'ego de Son, il a bien fallu qu'il l'admette... C'est pour cela qu'il n'a pas investi les 3 milliards de dollars promis.
Now hear this, folks : je rêve d'un retour à une société où la rentabilité redevient un facteur important.
Il y a des sociétés comme Tesla ou Netflix ou bien Uber, Lyft, ... qui sont déficitaires depuis tellement longtemps que cela en devient une énorme blague.
Telsa par exemple ne sera JAMAIS RENTABLE !
Ce n'est pas que son dirigeant actuellement (incorrectement qualifié de fondateur !), Elon Musk est un fainéant, bien au contraire. Ce n'est pas qu'il est un escroc, pas du tout. Ce n'est pas qu'il cherche uniquement à s'enrichir, loin s'en faut.
C'est juste que CA NE L'INTERESSE PAS ! Ce qu'il veut, c'est changer le monde ! Pas être rentable. Il n'a jamais été rentable avec aucune de ses sociétés : Zip2, X.com, SpaceX, Tesla, SolarCity, .... et ma foi, ça lui a plutôt bien réussi !
Comprenez-moi bien : si "on" offrait la rentabilité à Elon Musk, il la prendrait avec plaisir.... Mais ce n'est pas du tout sa priorité.
C'est aussi important pour Elon Musk d'être rentable que pour mon ami Jean-Seb de se tresser des couettes avec ses cheveux.
Et des boites comme cela n'existeraient pas très longtemps, s'il n'y avait pas des trous-du-cul pour investir dedans.
J'ai vraiment envie d'écrire un long, un très long article sur Masayohi Son, un article très documenté qui montrerait que son pseudo-succès actuel (car dans les faits, M.S. serait déjà ruiné si l'on tient compte des actions qu'il a dû mettre en hypothèque) ne doit qu'à une grosse tranche de chance, principalement ses investissements, par pur hasard, dans Yahoo! Japan et Alibaba.
Mais est-ce que j'en ai le temps ? Et est-ce que j'ai l'envie de démontrer son incompétence crasse et cette habitude folle d'investir des milliards de dollars en moins de 30 secondes de réflexion ?
Est-ce que j'arriverais à faire mieux que Scott Galloway qui a pointé du doigt, l'absurdité de l'investissement dans Oyo ou Bloomberg qui a décrit l'investissement de 375 millions de $ dans Zume, le constructeur auto-proclamé de robots fabricant des pizzas, qui a depuis pivoté sur le packaging alimentaire ?
Est-ce que je n'ai pas mieux à faire que de me morfondre sur l'absolue bêtise du genre humain ?
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