Je me souviens encore avec émotion de La Guerre du Feu, un roman de J.H. Rosny Ainé (le nom en lui seul était tout un programme) que j'ai lu, très jeune, vers 6 ou 7 ans.
Je me rappelle aussi qu'en 1981, moi qui n'allait jamais au cinéma, j'avais fortement insisté auprès de mon père pour qu'il nous emmène voir "la Guerre du Feu".
L'expérience avait été mémorable, même si j'avais pas du tout apprécié la débauche de scènes à caractère sexuel et le non respect des différents chapitres. Dans mon esprit d'enfant, je m'attendais à une transcription littérale du roman qui avait attisé, c'est le cas de le dire, mon imagination.
Il y a quelques jours, j'ai eu l'occasion de voir "10 000" dont l'action est précisément censée se tenir dix mille ans avant notre ère. Malgré la débauche d'effets spéciaux, je n'ai pas pu tenir plus de 45 minutes...
Je suis allé vérifier et mes pires craintes se sont avérées fondées : Roland Emmerich est bien le réalisateur de ce navet.
De fait, j'ai proposé à mon amie de voir un VRAI film de préhistoire : l'adaptation par Jean-Jacques Annaud de la Guerre du Feu (en anglais : The Quest for Fire), gros succès cinématographique de l'année 1981.
Le scénario est de Gérard Brach, une de mes sources d'inspiration, même si apparemment, son dernier script "Sa Majesté Minor" était plutôt baclé (je n'ai pas vu le film).
La musique magistrale était de Philippe Sarde, et l'on peut dire sans hésitation que, s'agissant d'un film sans "véritables" dialogues, l'impact global de l'oeuvre n'aurait pas été aussi important sans ce style particulier.
Une partie de la musique de Sarde se trouve accessible en cliquant sur le lien ci-dessous :
Le budget était de 12 500 000 $, somme raisonnable aujourd'hui, mais plutôt impressionnante en 1981.
Je n'en reviens pas comment avec seulement 2 films à son compteur, ayant chacun connu un succès mitigé, Jean-Jacques Annaud a réussi a obtenir la confiance de ses producteurs et a pris le temps nécessaire pour réaliser un film sans concessions, avec notamment des plateaux de tournage au Canada, en Ecosse et au Kenya.
La véritable révélation, en fouillant dans les archives de Youtube a été de retrouver quelques minutes de "making-of"
Le voici accessible via le lien ci-contre : https://www.youtube.com/watch?v=pdhEV70XYIU
Pour une raison assez étrange, cette vidéo vous demandera d'établir que vous avez plus de 18 ans.
Ce sera l'occasion de retrouver Anthony Burgess, chargé par Annaud de construire les langues utilisées par la tribu des Oulhmar et des Ivaka.
Ecoutez-le dans la vidéo plus haut à partir de la minute 4:00, préciser ce qu'il pense de la langue de nos ancêtres et de la manière dont ils s'exprimaient.
Je suis vraiment admiratif de la vie d'Anthony Burgess, véritable touche à tout artistique, à la fois linguiste, musicien, écrivain,... Quelle vie !
Dans un autre registre, Desmond Morris a été embauché pour expliquer la gestuelle et la manière de se déplacer des hommes préhistoriques.
Ses explications sont intéressantes, mais bien que n'ayant aucun élément de preuve, je crois qu'il se trompe. A mon avis, il y a 80 000 années, la démarche de nos ancêtres devait déjà être similaire à celle de l'homme moderne, et beaucoup moins simiesque que ce qui nous est présenté.
Notons qu'au moment de l'écriture de cet article, Desmond Morris est sans doute encore en vie, à plus de 90 ans. Il y a 2 ans, il sortait un bouquin, en vente dans les bonnes librairies.
Mentionnons encore bien sûr la présence de Ron Perlman en Amoulkar.
J'ai été surpris de voir que même lui avait eu besoin de maquillage pour interpréter Amoulkar
( non, je blague...)
Ron Perlman a révélé dans une interview que lorsque Jean Jacques Annaud l'a appelé, il était sur le point d'abandonner le métier et de devenir pour de bon, chauffeur de limousine.
C'est encore JJA qui lui a sauvé la mise pour son rôle dans Stalingrad, alors que "son téléphone ne sonnait plus depuis 3 ans".
Alors certes, la guerre du feu est certainement rempli de quelques fautes ou approximations : la cohabitation de tribus à des stades d'avancement aussi différents que les Oulhmar, les Kzamms, les Wagabou et les Ivaka est anachronique pour dire le moins ... Le fait de voir les Oulhmar baver comme des chiens à la vue du gibier est agaçant au minimum.
Mais l'esprit préhistorique de la Guerre du Feu est sincère et ne se retrouve à aucun moment au sein du film 10 000 BC, où on a vraiment l'impression que les acteurs vont écrire un article de blog, dès qu'ils auront fini de chasser le mammouth.
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