mercredi 24 juin 2020

Wirecard : on commence à y voir plus clair ...


J'aime cette réplique de Depardieu dans Buffet Froid (aux alentours de 1:13 dans l'extrait ci-dessous) : "on commence à y voir plus clair".



C'est bien une citation que j'ai envie de reprendre à propos de Wirecard.

Résumé des faits : Wirecard est une société allemande créée en 2002 s'est développée, principalement par acquisition jusqu'à compter plus de 5000 personnes dans le monde et un chiffre d'affaires supérieur à 2 milliards d'euros en 2019.

En Juin 2020, plus précisément il y a quelques jours, des irrégularités de près de 2 milliards d'euros sont découvertes.
Ce désastre financier est notamment bien expliqué dans le blog de Charles Sannat.

A l'issue d'une simple opération de circularisation, les banques des Philippines dans lesquelles Wirecard aurait placé près de milliards d'euros ( en Pesos Philippins !) ont confirmé qu'elles n'avaient aucune relation d'affaires avec la société Wirecard.

Parmi les nombreux aspects de cette affaire, il est deux points que je voudrais approfondir plus particulièrement :

1) La lutte permanente de l'autorité des marchés financiers allemands contre les lanceurs d'alertes.

Comme le souligne l'ensemble des articles la "honte" s'est abattue sur la finance allemande.
Et ce déshonneur est justifié, car au fil des années, il y a eu quantité de lanceurs d'alertes, que non seulement la Bafin n'a pas encouragé, mais qu'elle a combattue.
En 2015, le Financial Times a sortie une série d'articles, sobrement intitulés "The House of Wirecard".
Le 20 Novembre, le journaliste Dan McCrum s'interrogeait sur les entités business en Asie de Wirecard avant de conclure qu'elles étaient réduites à la partie congrue, au mieux.
Le résultat : McCrum a été villipendé , y compris par ses pairs, pendant plusieurs années.

Cette liste n'est que la partie émergée de l'iceberg...

L'article de BFM relate, en abrégé comment la BaFin s'est systématiquement porté au secours de son protégé, en ouvrant des enquêtes à l'encontre des journalistes, en interdisant les ventes à découvert,...

C'est le capitalisme de connivence, que les gens mal informés confondent avec le capitalisme tout court, et qui leur donne, très souvent des envies de néo-communisme.

2) L'ultra-nullité des commissaires au compte, tel qu'exposée de manière plus feutrée dans cet article des Echos, qui se concentre sur Ernst & Young, déjà sous le feu des projecteurs pour NMC Health et Thomas Cook.

Là dessus, et c'est l'objet principal de mon billet, je souhaiterais faire part de ma propre expérience.
Pour ma toute petite société, compte tenu de la création d'une filiale dans un pays lointain, nous avons été amenés, avant que la législation n'évolue à prendre les services d'un commissaire aux comptes, basé à Dijon.
Je savais déjà que cela ne servait à rien pour une société comme la notre : nous n'avions pas de stocks et absolument rien à cacher.
Je me rappelle très bien, en dépit de la très petite taille de notre société (moins de 1 million d'euros de chiffres d'affaires) le zèle de nos auditeurs et leur demande de contrôle sur tout, jusqu'au contenu de notre caisse destinée à payer les opérations courantes (achat de timbres, etc...)
J'avais déjà une conviction forte, qui s'en est trouvée renforcée : pour nos activités de services en B2B, il n'y a rien à cacher, rien à creuser et en dessous d'un certain volume de chiffre d'affaires, le commissaire aux comptes coûte fort cher et ne sert à rien.

Et donc, je ne comprends pas comment une société telle que Wirecard a pu tromper aussi longtemps ses commissaires aux comptes.
J'en conclus qu'elle n'a pas pu les tromper ... Pas s'agissant de 2 milliards d'euros ... Il y a forcément eu des complicités internes ... Des regards qui se sont détournés... Ou alors, ces auditeurs sont des crétins finis ( je n'exclus pas d'ailleurs une combinaison de ces deux hypothèses).

Il y a des années, le scandale Enron avait été la cause principale de la chute du cabinet Andersen.
Je n'imagine pas pourquoi il en irait différemment d'E&Y... Et je ne vois pas pourquoi les Big Four ne deviendraient pas à leur tour les Big Three, ... jusqu'à ce que, comme Highlander, il n'en reste qu'un.

Aujourd'hui, certains s'interrogent sur le fait que Wirecard encourt un risque de faillite : je sais que l'on marche complètement sur la tête, mais honnêtement je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.
Comment une entreprise financière dont l'activité est majoritairement basée sur la confiance pourrait-elle seulement espérer survivre ?  Cela me dépasse...

Compte tenu de l'ampleur de la fraude, comment se fait-il que le cours qui était à 100 € le 18 Juin soit encore aujourd'hui vers 12,4 € ... et non pas déjà à 0 ?



En tout cas, cela m'a ramené en tête l'opinion de Charles Gave sur les allemands, à laquelle se joint celle de Franck Boizard : en apparence, le mercantilisme des allemands fait merveille et ils apparaissent avant tout comme les maîtres du jeu. 
Sur le long terme, ils sont souvent rattrapés par leur manigance et par leur médiocrité stratégique.

On peut aussi penser à la situation de la Deutsche Bank, certainement la banque la plus systémique de la zone euro, avec un potentiel suffisant pour la faire exploser plusieurs dizaines de fois...

Pour le dire autrement : il y a des peuples qui se battent jusqu'à la victoire. Les allemands eux se battent jusqu'à la défaite. Cette situation n'est pas de moi ... Mais j'aurais bien aimé.



Enfin Wirecard, prochainement WeWork (?) ... La liste de ces pseudo-sociétés avec non seulement des pseudos bénéfices mais surtout du pseudo chiffre d'affaire est longue comme le bras.

En bonne logique, nous devrions continuer de vivre des temps intéressants.

lundi 15 juin 2020

La carte des manifestations de Black Lives Matter


J'essaie de ne pas trop commenter l'actualité immédiate.

D'abord, parce qu'il est souvent préférable de prendre un peu de recul sur les événements en cours. 
Ensuite, parce qu'il y aurait vraiment trop à dire : je passerais mon temps à commenter l'actualité ( notamment ce qui vient de se passer à Dijon) et je n'aurais plus de temps pour rien. 

Je préfère en général entraîner le (trop rare) lecteur, sans oublier évidemment mes chers lectrices, sur des sujets de fonds, en espérant que je ne les saoule pas trop avec mes considérations monétaires.  

Malgré tout, je vais me laisser aller à commenter l'actualité et en particulier ce billet du blog "La Lime" de Franck Boizard sur la carte des manifestations de protestation suite à la mort de George Floyd :


En résumé, et je suis d'accord avec l'analyse de Franck Boizard : les manifestations ne concernent que les peuples occidentaux et leur fameuse capacité à se sentir coupable. 
Même dans les régions hors de ces zones, les manifestations sont majoritairement du fait des expatriés blancs.

Peut-être ceux qui exploitent cette "faille" souhaitent-ils conquérir de la civilisation occidentale, ... mais je crois que cela ne va même pas jusque là. Il s'agit avant tout, selon moi ,d'une volonté d'exploitation de ce ressenti à des fins pécuniaires. 

Il y a de la part des peuples occidentaux un manque d'essence vitale, une propension presque effrayante à se croire coupable de tout, une volonté pratiquement délirante de refuser d'assumer leur passé. 

Je vous transfère cette vidéo (attention : elle m'insupporte au plus haut point ! J'ai eu beaucoup de mal à la regarder jusqu'au bout et peut être que cela sera le cas pour vous aussi ). 


Cette volonté auto-culpabilisatrice a été relativement bien expliquée, à mon humble avis dans cette vidéo de Julien Rochedy ( que je n'arrive pas à intégrer ... comme c'est bizarre ) :



Je respecte l'individu qui se suicide, bien que je ne le cautionne pas. Mais quand un peuple tout entier se suicide sans même en avoir conscience, je n'éprouve aucune commisération.

Et maintenant, vous comprenez la raison de ma citation du Général de Gaulle : 
"Il n'y a qu'une fatalité, celle des peuples qui n'ont plus assez de forces pour se tenir debout et qui se couchent pour mourir. Le destin d'une nation se gagne chaque jour contre les causes internes et externes de destruction."

De toutes les citations qui tournaient dans ma tête, j'ai choisi celle-ci, sans même penser qu'elle serait l'objet d'un billet, et bien que l'actualité m'ait donné depuis, tant de raisons de la mettre en exergue. 

samedi 13 juin 2020

Interview d'Aldous Huxley en français


Youtube ressemble un peu à un souk : il y a tellement de choses entreposées les unes sur les autres, qu'il est possible assez fréquemment de tomber, sans même y prêter attention, sur une perle.

C'est ce qui m'est arrivé dernièrement avec cette interview (en français !) d'Aldous Huxley dans les années 60 :



Il y a vraiment beaucoup à dire sur cette vidéo, d'abord la forme, et en particulier le français très élégant dans lequel s'exprime Aldous Huxley.
Ses paroles sont fluides, ses phrases construites :  tout est en contradictions avec les grognements et les borborygmes des rappeurs d'aujourd'hui, français sur le papier, et qui ne savent pas aligner trois phrases correctes.

Rappelons quand même qu'Aldous Huxley a été professeur de français à l'Eton Collège et que parmi ses élèves, il a compté un certain Eric Blair, alias George Orwell.

Mais j'ai quand même une petite nostalgie pour cette période pendant laquelle les élites parlaient souvent le français, et où la France était encore un peu considérée.
Aujourd'hui, même nos politiques ne savent plus s'exprimer sans anglicisme.

J'admire Aldous Huxley, pour sa classe que l'on observe jusque dans sa garde-robe, pour son côté tellement anglais et pour le détachement qu'il a réussi à affecter une certaine indifférence pendant une grande partie de sa vie, sur sa maladie, bien qu'elle l'ait handicapé grandement.

Je serais curieux de savoir ce qu'il pense des programmes télévisés actuels en particulier quand on l'écoute déplorer le faible niveau intellectuel des fictions de son temps. Que dirait-il face à l'indigence intellectuelle du XXIème siècle ? 

Je suis également admiratif de sa capacité à se réinventer, à s'ouvrir à de nouveaux horizons ( parapsychologie, expériences psychédéliques,...) .

Sa décision de rester à Hollywood à un moment où l'industrie cinématographique n'était pas encore complètement annihilée par l'argent, et où il faisait globalement bon vivre pour un scénariste, a dû être une expérience formidable.

Du côté du journaliste, on notera sa capacité à laisser l'interviewé dérouler sa pensée sans l'interrompre à tout moment. Je suis devenu incapable de regarder une interview sur BFMTV pour ne citer qu'eux, à cause de leur manie d'interrompre à tout moment leur invité. 




Je suis d'accord avec Huxley, lorsqu'il dit en fin d'interview, que l'humour est une chose de la plus haute importance.
J'aurais adoré avoir de l'humour (où être très intelligent) quand j'étais petit. 
Malheureusement, cela ne s'est pas fait... Ce sera peut-être pour une prochaine fois.

L'excellente surprise Sarah Knafo !

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