mardi 14 juillet 2020

Le Bureau des Légendes


Ceux qui me connaissent vraiment bien (c'est à dire personne), savent en particulier que je suis intéressé de longue date par ce qui touche à l'espionnage. 

Cette fascination a commencé en 1986 alors que je regardais un reportage sur la Une, consacré à l'affaire "Farewell"
Tout était source d'étonnement. En particulier, le choix héroïque de Vetrov de rester sur place et de pourrir l'URSS de l'intérieur plutôt que de faire défection à l'Ouest, sa désinvolture calculée lorsqu'il transmettait des documents ultra-confidentiels à la DST, son choix romanesque de la France plutôt que des Etats-Unis, et sa mort tragique, à la suite d'une énorme faute côté français. 
Ayant donc suivi l'affaire de près, je m'abstiendrai de commenter les actions de ce super-crétin de François Scheer, qui est toujours vivant en ce moment, mais je lui conseillerai bien sagement de ne pas croiser mon chemin, s'il veut s'éviter une paire de baffes...

Plus tard, j'ai lu les histoires de Mata Hari, Joséphine Baker, ...
Je me souviens qu'un jour, j'étais chez un ami en Thailande, Pierre Segui et parmi toute sa bibliothèque, j'ai choisi de lire la biographie d'Elie Cohen et sa vie absolument incroyable, au service du Mossad.
Dès que possible, j'essaierai de suivre sur Netflix, la série télévisée, The Spy, qui retrace ses exploits. 

En revanche, James Bond n'a presque jamais retenu mon attention, à l'exception notable de Casino Royale (la version avec Eva Green) qui est vraiment fascinant et qui a l'énorme avantage de montrer, en de trop brefs instants, les failles tant psychologiques que physiques de Bond. 

Revenons à la série française, "le Bureau des Légendes" qui, sous la houlette de l'excellent Eric Rochant a dévoilé en Mai la saison 5. 

Bien que n'étant pas un grand fan de séries télévisées, par manque de temps (je n'avais à mon actif que Breaking Bad), je me suis précipité dès sa sortie, en 2015, sur Le Bureau des Légendes dès la première saison, et j'en ai apprécié chaque minute. 

Le Bureau des Légendes


La série "Le Bureau des Légendes" met particulièrement l'accent sur le réalisme et sur la psychologie des personnages, au détriment de l'action pure, et on peut penser que cela correspond plutôt à ce qui se passe dans la vraie vie. 

Le Bureau des Légendes essaie de coller à l'actualité. Encore une fois, on n'est pas dans le fantastique à la James Bond où un homme seul prend toutes les décisions, massacre tous les ennemis et passe son temps à se balader d'un pays à l'autre, tout en séduisant les plus jolies filles.
Un des signes (parmi d'autres) de ce réalisme : les personnages parlent dans leurs propre langue. Les russes s'expriment en russe, les américains en anglais, les iraniens en farsi, etc...

Les trois premières saisons ont été vraiment intéressantes, presque haletantes. 
J'ai ressenti un petit détachement à partir de la quatrième saison, et pourtant les créateurs de la série ont fait ce qu'il fallait pour maintenir notre intérêt : mise en place d'une nouveau champs d'action en Russie, investigations en relation avec le cyberespionnage, ... 
Je pense qu'il fallait garder le fait que la DGSE, contrairement à certains services secrets occidentaux est "intégré" en ce sens qu'il rassemble au sein d'une même organisation l'ensemble des composantes d'un service d'espionnage, y compris donc le fameux service action.

Si j'ai fait cette longue introduction, c'est pour préciser qu'à titre personnel, ce qui m'intéressait dans cette série, c'est le mode d'action de nos services secrets, la manière dont ils gèrent les crises en cours. 
A cet égard, le fait d'avoir pris un angle en vue directe avec l'actualité était un pari qui s'est avéré franchement payant.

Par rapport à cette cinquième saison, le moins que l'on puisse dire est qu'elle a été une déception majeure. 

Je ne sais pas si le Bureau des Légendes ressemble à la vraie vie des agents secrets (il parait que c'est le cas), mais il faut bien reconnaître qu'un point important dans les épisodes est que la DGSE passe un temps énorme à gérer les conséquences des actions de son propre service ! 
En d'autres termes, une grande partie du temps de l'Agence est passé à chercher des taupes à l'intérieur du service, ou une fois qu'elle est détectée (Malotru) à essayer d'éponger les problèmes que cette taupe a créé.
Il a fallu attendre la quatrième saison pour qu'un responsable du service, JJA alias Mathieu Amalric, soit chargé de faire le ménage. 
Dans la quatrième saison, la narration est pratiquement orientée de manière à nous rendre JJA antipathique, mais une analyse froide conduirait à penser qu'il n'a pas totalement tort. 

Malheureusement, la cinquième saison vient ternir ce parcours presque irréprochable. Et de manière presque indélébile. 

L'intrigue principale tourne, une fois encore, autour de Malotru ( Matthieu Kassovitz, irréprochable) dont on aurait pu penser qu'il était mort à la fin de la quatrième saison) et de ses émois quand à sa volonté de collaborer à nouveau avec son service. 

Comme tout s'enroule autour de lui, il est facile de constater que l'on donne la priorité à la psychologie des personnages au détriment de tout le reste : géopolitique, scènes d'actions, etc...

Les quelques intrigues censées apporter un peu d'action et situées à l'étranger ( Mille Sabords au Moyen Orient, Marie-Jeanne en Egypte) sont laissées en plan, sans être creusées davantage.
Et c'est, à mon humble avis, très dommage. 

Par ailleurs, le fait d'inclure de manière très crue et sur des plans très cadrés, systématiquement une scène de sexe au minimum par épisode est pénible : cela n'apporte absolument rien à l'intrigue et donc, on sent que c'est une demande imposée par les acheteurs de la série à l'étranger ( Le Bureau des Légendes est la série française la plus vendue dans le monde) ...

Evidemment, les 2 derniers épisodes sont très mauvais, à mon sens à la fois improbables et remplis d'incohérences ce qui est terrible pour une série qui essaie de faire du réalisme sa marque de fabrique. 

Clairement, la série s'achève sur un goût d'inachevé. 

Y aura-t-il une saison 6 ? 
Pourquoi pas, si on arrive à refaire table rase des éléments et à nous donner quelque chose de moins centré sur la psychologie des personnages (en tout cas, c'est ce que je souhaite) : la DGSE ne doit pas être présenté comme un hôpital psychiatrique. 

Et par pitié, qu'on arrête avec ce personnage de Malotru : Kassovitz a été excellent dans le rôle. Mais il est temps de montrer que le vrai héros de la série est la DGSE elle-même et pas l'un de ses agents, aussi talentueux soit-il.

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