samedi 29 juillet 2023

Altice au pays des dettes

On parle beaucoup ces derniers temps de la chute de la maison Casino, de sa holding de tête Rallye et de celle de son ancien dirigeant, Jean-Charles Naouri a qui il ne resterait plus, dans le meilleur des cas qu'un patrimoine de l'ordre de 1,3 millions d'euros

On commence un peu à évoquer, mais certainement pas assez à mon avis du conglomérat Altice et de la montagne de dette accumulée ces derniers temps. Car c'est ainsi que le fondateur de ce groupe, Patrick Drahi a construit son empire : par la dette en rachetant des entreprises génératrices de cash dans des domaines générateurs de cash, au premier rang desquels les télécoms. 

De ce point de vue, Patrick Drahi est l'anti-Musk, le non-entrepreneur par excellence : Patrick Drahi ne créé jamais rien. 

Il rachète des boites en bonne santé et il commence à virer du monde, à ne plus payer des fournisseurs. Et il se paye systématiquement sur la bête, via des remontées de dividendes, des redevances ( Drahi est propriétaire de la marque SFR et il se fait payer plusieurs millions de royalties par la société du même nom pour le droit à l'usage).  

J'étais témoin, certes pas au premières loges, lors du rachat de SFR des manigances faites pour ne pas payer les factures. 

Je m'en souviens car à l'époque, je venais de démarrer Secureware, ma société de cybersécurité et certains contacts me parlaient de ces pratiques ayant cours. Le journal L'Informé en a fait un article.

Mais il y a pire : dès le rachat, le milliardaire franco-maroco-israélo-portugais (et ayant par ailleurs acheté la nationalité de Saint Kitt et Nevis) a sciemment pillé les caisses de sa pépite, SFR. C'est un article de Street Press qui révèle le pot aux roses

Patrick Drahi non seulement construit par la dette, mais également rachète sans trop de cohérence stratégique. 

Qu'y a-t-il de commun entre Nextradio TV, SFR, Sotheby's et Teads ? Pas grand chose en réalité à part les goûts du fondateur qui aime également à investir dans l'immobilier en Suisse pour ses besoins propres et se déplacer en jet privé. 

Longtemps prophétisé, la chute du navire amiral de Patrick Drahi ne s'est toujours pas produite. Le milliardaire apatride continue de racheter des actifs au gré de ses envies et est toujours classé parmi les principales fortunes françaises par le magazine Challenges. 

Tout n'est pas sombre, cependant. Les choses évoluent, les langues commencent à se délier. 

En 2022, un groupe de hackers russes, Hive pirate ses données informatiques et devant le refus du groupe de payer la moindre rançon, décide de mettre en accès libre les informations récoltés. 

C'est ainsi qu'un certain nombre de médias, souvent indépendants ont pu s'intéresser à lui et que les informations ont pu remonter à la surface. Par exemple, les affaires juteuses de Patrick Drahi dans l'immobilier

On notera également l'incroyable affaire de la mise en examen mi-Juillet d'Armando Pereira, le numéro deux officieux du groupe.

Armando Pereira s'était notamment fait connaitre en France par ses talents de "cost killer" (cf. l'article plus haut). Mais il est surtout l'homme de comme de Patrick Drahi avec lequel il a démarré le groupe il y a plus de 30 ans.  

A priori dans cette affaire, Altice n'était pas au courant des manigances de son associé et ferait partie des entités lésées.

Même si comme le rappelle le journal Mediapart, il semble difficile de croire que Patrick Drahi n'ait été au courant de rien, tant l'alliance entre les deux hommes est ancienne. 

Mention spéciale malgré tout à Idriss Aberkane qui a dans cette vidéo Youtube démontré tout le danger que représente Drahi pour la France : 


Au moins Idriss Aberkane a bien vu le fin fonds de l'affaire : Altice est une multinationale zombie qui sert désormais les intérêts des pouvoirs en place pour ne pas sombrer.  Selon un banquier d'affaires cité dans cette vidéo, Patrick Drahi aurait "un capital de 100 et une dette de 100 000". C'est de plus une banque financière à retardement. 

L'apport du BTFP sur l'euphorie boursière

 Je continue de suivre avec grand intérêt presque avec fascination, les prévisions de David Hunter se dérouler, malgré le scepticisme initial qui entourait chacun de ses tweets, il y a encore 6 mois. 

David Hunter est un analyste macroéconomique, principalement actif sur Twitter ( https://twitter.com/DaveHContrarian) qui pronostique une explosion à la hausse des indices (un "meltup" dans la langue de Shakespeare) suivi d'un effondrement ("bust") qui devrait amener les bourses à la baisse de 80%. Bien qu'il refuse de donner les détails qui l'ont amené à son raisonnement, il est clair que le sentiment de marché fait partie de ses indicateurs. 

Malgré l'augmentation des indices, un nombre important des intervenants restent pessimistes, nourris en particulier par l'augmentation ultra-rapide des taux directeurs de la Fed. Cette augmentation a, 

L'augmentation des taux de la Fed a été, c'est vrai, particulièrement impressionnante comme en atteste le graphique ci-dessous : 

Pourtant, cette augmentation ne semble pas avoir encore produit tous ses effets sur l'économie réelle et encore moins sur les taux. Il est vrai qu'on admet en général une période de 12 à 24 mois avant qu'une augmentation ne fasse son effet dans l'économie réelle.

Il est un autre sujet, avec un rôle probablement très important dans l'équation globale, c'est le programme BTFP ( Bank Term Funding Program). 

Ce programme lancé par la Fed en Mars 2023 en réponse à la faillite de la Silicon Valley Bank (que ces choses-là semblent lointaines !) vise à fournir de la liquidité aux banques en échange de collatéraux tels que des obligations, ... 

Comme l'a souligné Sven Heinrich, depuis que ce programme a été lancé en Mars 2023, il n'y a eu aucune baisse significative des marchés et ce en dépit de l'augmentation la plus rapide des taux depuis très longtemps. 

Comme l'a indiqué JP Morgan, les réserves indiquées pourraient se monter à plus de 2 000 milliards de dollars. 

Est-il étonnant dans ces conditions que certains comparent le BTFP a un Q.E. caché ? 

Dans d'autres articles, le BTFP est comparé à l'hôtel California, en référence à la fameuse chanson des Eagles : " you can check it anytime, but you can never leave". 
Cela fait par ailleurs écho aux articles de Bruno Bertez que je cite une fois de plus : le resserrement auquel nous avons eu droit n'est qu'un resserrement fictif. Derrière les apparences, la liquidité est finalement toujours très abondante et cette liquidité va s'engager sur les marchés financiers. 

Cette idée d'une forte augmentation des marchés suivie d'un crash est même reprise par certains que l'on pourrait, sans peine qualifier de conspirationnistes. 



En résumé, la fin du programme BTFP serait l'occasion de déclencher des faillites en cascade parmi les banques US et de regrouper les banques en seulement quelques institutions ce qui faciliterait grandement, il est vrai, l'introduction d'une monnaie numérique de banque centrale (CBDC). 
Je n'ai, à ce stade, pas assez d'informations pour me prononcer sur cette théorie. 

En tout état de cause, les marchés ont besoin de liquidités pour simplement poursuivre leur parcours et le BTFP répond à cette problématique.

lundi 17 juillet 2023

L'action Total Energies


L'interview de Patrick Puyanné par un journaliste de Boursorama est vraiment intéressante et met en avant 5 points fondamentaux qui méritent d'être mentionnés, y compris pour les investisseurs expérimentés. 

Voyons ensemble ces 5 points : 

  • Total Energies est la "major" pétrolière la plus rentable de l'ensemble des grandes sociétés pétrolières, ce qui n'est pas un petit exploit => à partir de 0'50" dans la vidéo. J'en profite pour rappeler que le PER reste inférieur à 6, ce qui pour une société de cette taille est faramineux !

  • Le point mort de Total est extrêmement bas : Total commence à gagner de l'argent à partir d'un baril à 25 $ (USD). C'est un point mort extrêmement bas, comme le rappelle le PDG à partir de 1'32 dans la vidéo. 
  • Total étant une société principalement pétrolière, elle est forcément mal vue des escrologistes. Toutefois, il faut aussi savoir que c'est la major pétrolière la plus engagée dans les énergies renouvelables avec des positions très fortes dans le Gaz Naturel Liquéfié et l'énergie solaire comme le rappelle le journaliste à partir de 3'25 dans la vidéo

  • Total n'a jamais baissé son dividende depuis 1982, soit plus de 40 ans. Ceci est précisé à partir de 21'29". Il y a de la part du PDG une intention très forte de ne pas baisser le dividende. La politique actionnariale est l'un des piliers du groupe. Le payout ratio, niveau de redistribution du dividende a dépassé le 37% et il sera poursuivi voire augmenté, à la fois avec d'autres dividendes exceptionnels et la poursuite du rachat d'action.  

  • Total Energies sur les 10 dernières années a un rendement annuel supérieur à 10% (si l'on tient compte des dividendes). Ceci est expliqué très clairement à partir de 21'20

Dans les carburants aériens durables, Total est positionné pour obtenir 10% du marché mondial, et ceci tout en conservant une bonne rentabilité. 

La neutralité carbone souhaitée pour 2050 ( à partir de 13'58") est attaquée à partir de plusieurs types d'énergie : centrale à gaz, biogaz (avec des positions en France, en Pologne, aux Etats-Unis) et en particulier dans la fabrication de gaz de synthèse notamment aux Etats-Unis. Le mix énergétique est déjà décarboné de 12% par rapport à 2015. 

A ceux qui veulent que Total aille plus vite dans la décarbonation, Pouyanné rappelle avec raison ( à 17'20") que ce sont avant tout que les clients qui fournissent la demande qui ira dans les énergies décarbonées et en ce sens, Total ne peut pas s'engager dans du biocarburant avant que, par exemple, les moteurs d'avions ne soient validés. 

Le PDG en profite aussi pour "mettre en pièces" ceux qui prônent la réduction de la production de pétrole en énonçant ce fait évident : la baisse de la production entrainera une flambée des prix et une grosse crise à venir. 

L'occasion de rappeler ce que dit souvent Charles Gave (et d'autres) à savoir que l'économie, ce n'est rien d'autre que de l'énergie transformée. 

Total Energies et même l'ensemble des autres sociétés productrices d'énergie peuvent accompagner le processus de décarbonation, même ne peuvent pas le contrôler à elles seules. 


L'excellente surprise Sarah Knafo !

 Je démarre cette année 2025 avec un article dédiée à Sarah Knafo, l'excellente surprise de cette année 2024 qui s'est pourtant révé...