Si j'étais vraiment riche, je pense que je retournerais dans la production cinématographique ou bien la production pour les plateformes de streaming et que je me lancerais dans la production de biopics consacrés à des femmes d'exception (sans oublier bien sûr les "mockumentaires", ma marotte !)
Et parmi ces biopics, il y en a beaucoup qui concernent les femmes. Des héroïnes ayant toutes ou presque vécu à une période où les femmes n'avaient pas le droit de vote, pas le droit d'ouvrir un compte bancaire et une difficulté extrême à divorcer. Et qui malgré tout, ont réussi à s'imposer et à en remontrer aux hommes dans cet environnement véritablement misogyne.
Commençons par celle qui est sans doute la plus incroyable à tel point qu'un seul film ne serait pas approprié. Il faudrait plutôt préparer une série en plusieurs épisodes, tant elle a connu de vies différentes.
Marie Marvingt
Selon sa fiche Wikipedia (sur laquelle se basent mes écrits), Marie Marvingt est une pionnière de l'aviation, inventrice, sportive, alpiniste, infirmière et journaliste française. Elle a été surnommée "la fiancée du danger".
Marie Marvingt est le quatrième enfant de Félix et Elisabeth. Ses trois premiers enfants sont morts dans l'enfance et le cinquième, Eugène est de santé fragile. Passionné de sport, Eugène décide d'initier sa fille aux disciplines sportives. Elle devient ainsi le partenaire d'aventure de son père sur l'ensemble de ses activités : natation, escalade, billard.
Marie étudie la médecine (elle obtient son diplôme d'infirmière) ainsi que le droit. Elle parle 5 langues couramment et prend même le temps de rédiger sous pseudonyme des poèmes pendant son temps libre.
Dès 1899, elle devient l'une des premières femmes titulaire du permis de conduire.
En parallèle, elle commence une carrière sportive extrêmement féconde : natation, cyclisme, alpinisme, patinage. Tout y passe !
Elle est la première française à accomplir la traversée de Paris à la nage (12 km).
En Janvier 1910, elle remporte la première compétition féminine de bobsleigh à Chamonix, au cours de la coupe Léon Auscher.
En 1901, Marie obtient son brevet de pilote de ballon libre (montgolfière). Par la suite, elle devient la troisième femme au monde à obtenir son brevet de pilote d'avion après Elisa Deroche et Marthe Niel ( toutes trois sont françaises ! )
Lorsque la première guerre mondiale éclate, elle tente de s'engager dans l'aviation française et participe à deux bombardements. Mais finalement, l'armée refuse de la régulariser. Elle s'engage à Nancy en tant qu'infirmière-major auprès d'un chirurgien réputé.
Là où tant d'hommes usent de tous les subterfuges pour fuir la guerre, Marie a dû également ruser, mais cette fois pour y rentrer. Son déguisement tient pendant 47 jours, puis elle est démasquée et est autorisée à rejoindre le 3ème régiment des chasseurs alpins en tant qu'infirmière et correspondante de guerre.
Après la première guerre mondiale, elle poursuit ses activités de journaliste et devient officiel de santé pour le compte des armées au Maroc.
Pendant la seconde guerre mondiale, elle travaille comme infirmière de l'air et trouve même le temps d'inventer un type de suture chirurgicale pour recoudre les blessures plus rapidement sur le champ de bataille pour éviter les infections.
A sa mort, Marie Marvingt est la femme la plus décorée de France. Le grand âge n'arrête pas sa fougue : en 1959, elle passe son brevet de pilote d'hélicoptère (à 84 ans !!!)
Elle mourra le 14 décembre 1963 dans un anonymat presque absolu et donc scandaleux, même si quelques journaux français et américains publient sa nécrologie.
En fait, Marie a passé sa vie à battre des records dans quasiment toutes les disciplines (je n'ai pas mentionné le tir à la carabine ni l'escrime).
J'ai trouvé par hasard une bande dessinée racontant les exploits de Marie Marvingt et je l'ai immédiatement achetée.
Le destin de cette femme extraordinaire n'a pas encore été adapté au cinéma. Toutefois, un documentaire de Michèle Larue et Noël Bursh est sorti en 2006.
Une petite vidéo de présentation la concernant est disponible sur Dailymotion. Il y a également un bref résumé de sa vie ci-dessous :
Colette Duval
Colette Duval est sans conteste l'une de mes héroïnes favorites : parachutiste, cascadeuse, mannequin, actrice...
Colette Duval est issue d'une famille tout à fait traditionnelle. A la maison, son père est un tyran et elle ne songe qu'à s'échapper du carcan familial. Elle découvre le parachutisme au début des années 1950 alors que la discipline démarre sur le plan civil.
J'aime regarder de temps en temps cette petite vidéo (muette) sur Youtube où elle bat le record de France de hauteur.
Sachez qu'il est également possible de la voir au cinéma, par exemple dans le film "Une balle dans le canon" qui n'est pas resté dans les mémoires et où il est réaliste de dire qu'elle ne crève pas vraiment l'écran.
Comme Marie, Colette a eu une vie extrêmement riche. Je ne parle pas non plus de ses spectacles où elle assurait la première partie des spectacles de Thierry Le Luron.
Elle meurt en 1988 à 58 ans d'un cancer et repose auprès de Gil Delamarre.
Violette Szabo
Violette Szabo est l'héroïne la plus tragique de cette compilation.
Née le 26 Juin 1921, elle décède tragiquement de nuit entre fin janvier et début février 1945 à seulement 23 ans.
Elle n'a que 19 ans lorsqu'elle rencontre son futur mari, Etienne Szabo, lieutenant français des Forces Françaises Libres : c'est un coup de foudre. Ils se marient peu de temps après. Mais son mari est envoyé en Afrique du Nord presque immédiatement après. Elle ne le revoit qu'au bout d'un an, à l'été 1941. En Septembre, elle devient opératrice de contrôle de tir dans une batterie anti-aérienne.
Le 8 Juin 1942, sa fille Tania nait. Son mari, Etienne Szabo est tué à El Alamein le 24 Octobre.
Elle décide, en conséquence, de s'engager dans le SOE (Special Operation Executive). Son attitude parfaitement impassible face à la mort (peut-être suite au décès de son mari ?), ses capacités au tir et sa maitrise parfaite de l'anglais et du français en font un agent de choix.
Elle effectue 2 missions en France, parachutée à chaque fois de nuit. C'est lors de cette deuxième mission qu'elle se fait prendre par les allemands.
Après un interrogatoire très brutal, elle est déportée au camp de concentration de Ravensbruck.
Entre le 25 janvier et le 5 février, elle est extraite de sa cellule et sur ordre des nazis est exécutée, ainsi que 3 de ses camarades, quelques semaines seulement avant la libération du camp.
Il y a tout de même un film sur sa vie sorti en 1958 et intitulé "Carve Her Name with Pride", ce qui nous donne en bon français "Agent Secret S.Z.".
Un ouvrage paru chez Taillandier est également disponible. Bizarrement, son identité est beaucoup plus associée à l'Angleterre, pays dans lequel a été établi un petit musée la concernant.
Tania Szabo, la fille de Violette, qui a longtemps vécu à Jersey dispose de son propre site Internet.
Alexandra David Neel
J'ai eu une période Alexandra David Néel relativement intense dans ma jeunesse, où je lisais pas mal de livres la concernant. Depuis, cette période s'est un peu calmée. A.D.N. est sans conteste une aventurière; elle n'est toutefois pas une sportive.
Alexandra David Neel est une orientaliste, spécialiste du tibet, féministe (à une époque où il était bon de l'être !), écrivain, journaliste et exploratrice. Elle est toutefois franc-maçonne et anarchiste, ce qui selon moi ajoute un certain passif à sa vie.
Unique enfant de ses parents, elle voit le jour le 28 Octobre 1868. Elle fugue vers l'Angleterre alors qu'elle n'a que 15 ans, mais le manque d'argent la force à revenir.
C'est à Paris que nait sa vocation d'orientaliste et de bouddhiste. Puis elle file à Londres afin de se perfectionner en anglais.
En 1889, à sa majorité, elle se convertit au bouddhisme. L'année suivante, elle retourne à Paris pour s'initier au sanskrit et au tibétain.
De 1895 à 1902, elle devient cantatrice. C'est lors d'un passage à Tunis qu'elle rencontre Philippe Néel, qu'elle épousera le 4 Août 1904. De 1904 à 1911, elle a une vie de femme mariée, ce qui ne lui convient pas du tout. Tout cela cesse le 9 août 1911 lors de son départ seule pour son troisième voyage en Inde. Alors qu'elle promet de regagner le domicile conjugal dans quelques mois, elle ne le reverra que quatorze ans plus tard, en mai 1925, ... avant de le quitter à nouveau au bout de quelques jours.
Malgré tout une affection et un respect réciproque la lie à son mari avec lequel elle échange des lettres. Philippe Néel ne cessera de correspondre avec elle et la soutiendra financièrement (je lui tire mon chapeau... Je ne me vois pas capable de faire cela pour une femme qui passerait son temps à voyager autour du monde).
De 1911 à 1925, elle effectue un périple indo-tibétain qui lui fait notamment rencontrer le Dalaï Lama. Elle réussit à s'introduire au Tibet en 1916. A son retour, les autorités anglaises, mécontentes de ce qu'elle ait ignoré leur avis d'expulsion, lui notifient un avis d'expulsion.
Elle part donc explorer le Japon, la Corée, la Chine, la Mongolie et le Tibet.
En 1924, elle réalise un séjour incognito à Lhassa, déguisée en mendiante et accompagnée d'Aphur Yongden, un jeune moine qui l'accompagne depuis 1914 et dont elle fera en 1929 son fils adoptif.
A son retour en France en 1925, elle est devenue une vraie vedette : son portrait s'étale en première page des journaux. De 1925 à 1937, elle reste à Digne les Bains où, toujours accompagnée de son fidèle Yongden, elle achète une maison.
Elle repart en Chine en 1937 à soixante neuf ans (!) et se retrouve en pleine guerre sino-japonaise avec son cortège d'horreurs. Elle va errer en Chine, subsistant très difficilement avant de rejoindre en juillet 1938 la ville de Tatsienglou pour une retraite de 5 ans. En 1941, elle apprend la mort de son mari, ce qui l'affecte considérablement. En 1946, elle rejoint Digne les Bains.
A 78 ans, elle se retrouve donc en France pour régler la succession de son mari, puis elle recommence à écrire. Elle a la douleur de perdre son fils adoptif Yongden, mort d'une crise d'urémie.
A partir de 1959, on lui présente une jeune femme, Marie-Madeleine Peyronnet qu'elle engage comme secrétaire et qui veillera sur elle, comme un ange gardien, pendant 10 ans.
ADN meurt le 8 Septembre 1969 à plus de 100 ans, peu de temps après avoir fait renouveler son passeport (!) Ses cendres ainsi que celles de son fils adoptif seront dispersées dans le Gange.
Je vous propose de la voir et de l'écouter philosopher un bref instant, alors qu'elle est dans les derniers instants de sa longue et palpitante vie :
Plusieurs téléfilms retracent la vie de cette exploratrice hors pair. Le plus intéressant est surement celui de Joël Farges "Alexandra David-Néel - J'irai au pays des neiges" que vous pouvez regarder librement sur Youtube :
Elle a eu par ailleurs l'honneur d'une bande dessinée, tirée de l'oeuvre de Marie-Madeleine Peyronnet, la personne qui a veillé sur ses dernières années de vie.
Amelia Earhart
Voici la seule américaine de cette collection. Cette femme est une légende de l'aviation.
Amelia Earhart est née le 24 juillet 1897 à Atchison au Kansa.
Pendant la 1ère guerre mondiale, elle s'engage comme aide soignante et travaille pour la Croix-Rouge de Toronto. La guerre terminée, elle reprend des études à l'université Columbia de New York où elle suit des cours de préparation à la médecine. Une fois la guerre terminée, elle suit des cours de médecine à l'université Columbia de New York.
En 1920, à l'occasion d'un baptême de l'air, elle se prend de passion pour le vol. Elle devient élève infirmière puis assistante sociale pour se payer des leçons de pilotage ainsi qu'un avion biplan jaune vif qu'elle appelle donc le Canary. Elle devient la 16ème femme américaine à obtenir un brevet de pilote.
Dès 1922, Earhart atteint l'altitude de 4300 m (14000 pieds), ce qui constitue un record pour une femme à cette époque.
Après le premier vol solo à travers l'Atlantique de Charles Lindbergh en 1927, Amelia Earhart participe à un vol transatlantique en tant que simple passagère du vol piloté par Wilmer Stultz et Louis Gordon. Elle tenait le journal de bord mais n'en fut pas moins reçue comme une célébrité, notamment à Londres.
En 1932, réalisant une promesse qu'elle s'était faite à cette occasion, elle partit en solo des Etats-Unis et après un vol de 14h56 min se posé dans un pré en Irlande du Nord, devenant la première femme à traverser seule l'Atlantique en avion.
Le 11 Janvier 1935, elle devient la première aviatrice à voler en solo de Honolulu (Hawai) à Oakland (Californie).
Elle disparait des radars le 2 juillet 1937 alors qu'elle tentait avec son navigateur de faire le tour du monde par l'est, en passant par l'équateur. Malgré d'importantes recherches, notamment financées par le gouvernement des Etats-Unis, ni l'avion ni ses occupants n'ont jamais été retrouvés, alimentant un mystère qui perdure encore aujourd'hui.
Tout au long de sa (courte) vie, Amélia a été une ardente partisane de l'émancipation des femmes. Son audace et son esprit pionnier ont ouvert la voie à de nombreuses femmes dans le domaine de l'aviation.
J'aimerais bien entendu pouvoir réaliser un film ou tout au moins un documentaire sur les Sorcières de la Nuit, ces femmes aviatrices russes pendant la seconde guerre mondiale sous Staline. Le dictateur ordonna en octobre 1941 la création de trois régiments de pilotes féminins, dont l'un devint le 588ème régiment d'aviation de nuit (en russe : 588 ночной бомбардировочный авиационный полк ). Ce régiment fut commandée par la major Yevdokiya Bershanskaya, en photo ci-dessous.
Cette unité est la plus décorée de la force aérienne soviétique, chaque pilote ayant effectué près de 1000 missions jusqu'à la fin de la guerre. 23 de ces pilots ont obtenu le titre de Héros de l'Union soviétique et 31 femmes sont mortes au combat.
Yevdokiya Bershanskaya
Si le sujet vous inspire, un livre a été écrit à ce sujet par Bruce Myles ("Night Witches" en anglais) qui est disponible sur Amazon.
La leçon collective de ces femmes est fascinante. Elles nous démontrent que la valeur des femmes n'a pas besoin de la vision étriquée actuelle des soi-disant "féministes" pour s'exprimer. Dans un univers pour le coup impitoyablement masculin, chacune d'elles a su se distinguer, valoriser ses compétences et triompher, sans pour autant renier son sexe.
Je considère que nous vivons une époque absolument délirante à tous points de vue : les femmes se plaignent de la disparité de salaire et du harcèlement sexuel (qui est bien réel, c'est vrai) mais l'égalité des sexes n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui. Et bien sûr, nous sommes passé de l'autre côté du balancier : beaucoup d'hommes sont dévirilisés pour le plus grand malheur de la collectivité !
A supposer qu'il me reste un peu de temps, dans un prochain article, je ferai le compte des hommes qui méritent un biopic qu'ils n'ont pas encore eu.
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