J'aime passer du temps à prévoir l'avenir, pas forcément pour m'y préparer, mais parce que je trouve qu'il s'agit d'un exercice intellectuel stimulant.
Je valide l'expression de Bruno Bertez qui dit que prédire c'est voir le présent avec les yeux de l'avenir. Notre avenir est en germe dans le présent. Prédire juste, c'est donc aussi un moyen de vérifier si l'on comprend vraiment la situation actuelle telle que nous la percevons.
Je suis par ailleurs particulièrement satisfait d'écrire cet article alors que je suis en train de visionner la série Bernard Tapie sur l'abonnement familial Netflix.
Le succès de Tapie représente l'épitome des 50 ans ou plus d'histoire de dérégulation financière que nous avons vécu et de l'impact que cela a eu sur la façon de faire du business.
En fait, cette dérégulation a commencé précisément le 15 Août 1971 avec la suspension de la convertibilité du dollar en or. C'est à partir de ce moment que les monnaies ont commencé à flotter avec les conséquences que l'on imagine ... Et surtout celle que l'on n'imagine pas.
Parmi les conséquences bien visibles, il y a eu notamment une inflation gigantesque qui a encore accéléré ces dernières années, preuve que l'on est bien au bout (à quelques années prêt) du système, et le rôle prépondérant de la finance dans toutes nos activités.
Parmi celles que l'on n'imagine pas, il y a eu une modification structurelle et profonde de la manière de faire du business. En France donc, Tapie en est un bon exemple, car lorsqu'il a démarré au début des années 70, ses méthodes de voyou (oui, je sais ce que j'écris) n'étaient pas monnaie courante sur le marché. C'est ce qui lui a permis de s'enrichir aussi rapidement. Aujourd'hui, ces mêmes méthodes éculées ne fonctionneraient plus.
En revanche, on constate sur la dernière décennie une augmentation absolument hors de proportion du "private equity" et de la valorisation des startups.
Pourquoi est-ce que je commence à parler des délires de valorisation en rapport avec les startups ?
Peut-être parce que j'ai eu l'opportunité de le confirmer personnellement, ayant été en contact avec des sociétés cherchant à lever des capitaux.
Mais plus fondamentalement, je suis convaincu que 2024 sera la première année du retour au réel, et ce retour au réel impactera un grand nombre de sujets, à commencer par le prix des choses. Certaines entreprises vaudront plus cher, d'autres (en particulier dans les secteurs informatiques) subiront un juste retour sur Terre.
Bien entendu, la fête ne va pas s'arrêter en un an. On pourrait même dire sans trop d'erreurs que l'exubérance a fortement diminué depuis 2021/2022. Mais je crois que 2024 marquera encore davantage un tournant.
Pour que cela soit effectivement le cas, il faudra que cela se caractérise par une forte chute des bourses mondiales, et je pense que cela a de bonnes chances d'être le cas.
Avant cela, le premier trimestre de l'année prochaine, pourrait être au contraire, celui de tous les excès.
Rappelons que David Hunter prévoit une hausse des marchés (un "meltup") d'anthologie avant une baisse de 80%.
Je ne suis pas aussi pessimiste, mais même une baisse de 30 à 40% des marchés plongerait un grand nombre d'investisseurs dans un abîme de consternation. Cela aurait un impact sur le private equity et sur un grand nombre d'autres marchés d'actifs.
Plus encore, le manque d'argent a le potentiel de générer de gros bouleversements sociaux notamment en France qui est habituée à composer des budgets en déficit énormes.
Je ne vois pas que l'Europe puisse redresser la tête en 2024. Elle continuera à s'enfoncer plus ou moins rapidement, au rythme imprévisible des décisions de nos "élites" bruxelloises.
Cet écroulement ira de pair avec une immigration de plus en plus incontrôlée, soutenue en sous-main par les Etats-Unis qui cherchent à affaiblir leurs propres vassaux afin d'apparaitre encore plus fort.
Il n'y a rien de raciste dans le fait de dire que l'immigration actuelle en Europe détruit notre économie : c'est simplement une constatation objective de dire qu'il faut dépenser des sommes supplémentaires pour aider une population souvent d'origine extra-européenne à s'intégrer.
Sur le plan géopolitique, il me semble que la Chine a décidé de passer à l'étape suivante dans sa confrontation avec les Etats-Unis pour la domination mondiale.
Dans l'immédiat, cela se caractérise par une interdiction d'export des technologies liées au traitement de terres rares.
Cela se traduit aussi, et de manière beaucoup plus subreptice par le fait que le cours de l'or baisse à peine, en dépit des efforts effectués par le COMEX et les banques commerciales pour vendre des tombereaux d'or papier.
En 2024, le prix de l'or continuera d'être fixé de plus en plus par le Shanghai Gold Exchange plutôt que par le COMEX/LBMA (c'est à dire le monde occidental aligné autour des Etats-Unis).
Il y a également cette vidéo qui explique comment la Chine siphonne l'or de l'Occident.
Ces tendances démarrée dans la décennie précédentes sont des tendances lourdes et elles vont s'aggraver.
Le retour au réel amènera donc à la prise de conscience par le grand public d'un retour à la rareté : rareté des matières premières, rareté des entreprises rentables et même rareté des leaders véritablement inspirants.
Pour le coup, c'est la Chine qui a vu juste, et cela est raccord avec le début de mon article sur la fin de la gestion par la finance : les états vont reprendre la main (comme ils l'on fait de manière désordonnée pendant le Covid).
Nous allons ainsi passer à une gestion de la rareté. Et on ne combat pas la rareté en émettant plus d'argent papier, même si c'est ce qui sera sans doute essayé en premier.
Les BRICs ont déjà embrayé sur cette stratégie. Ils ont décidé de se passer de plus en plus du dollar US.
Je pense que le monde sous-estime l'impact de l'arrivée de l'Arabie Saoudite et de l'Iran au sein des BRICs à compter du 1er Janvier 2024 sur les sujets pétroliers.
Vu que l'état profond américain n'arrive toujours pas à se débarrasser de Trump, il se pourrait presque qu'ils décident de charger le bateau des finances américaines le plus possible et qu'ils lui refilent le bébé avec l'eau du bain. Un suicide économique en somme, même si je n'y crois guère ! Je pense que l'état profond américain se battra jusqu'au bout contre Trump (dont la résilience m'impressionne !) et qu'ils finiront d'une manière ou d'une autre à l'écarter.
N'oublions pas également que l'année 2024 est l'une des plus chargées sur le plan mondial en matière d'élections : il y a celles à Taiwan, d'Inde, de Russie, d'Indonésie, sans oublier les élections européennes et les élections américaines.
Cet article estime que plus de la moitié des habitants de la planète iront voter dans 70 pays en 2024.
En général, lorsqu'une élection se produit, cela amène une certaine stabilité dans la région autour avant et après le vote. Espérons que cela sera encore une fois le cas.
Je prévois qu'au cours de 2024, la Russie et l'Ukraine arrêteront les hostilités. Et chacun affirmera qu'il s'agit d'une victoire de son camp. Même si un examen détaillé indiquera clairement que la victoire est plutôt du côté de la Russie. A ce stade, l'Ukraine a été tellement saignée, tellement vidée de ses forces vives qu'elle ne peut plus prétendre à rien.
Je n'ai pas beaucoup de prédictions en ce qui concerne le monde des cryptos en 2024. Il s'agit d'un actif que je classerais en 2 catégories : Bitcoin et tout le reste.
Pour ce qui est de Bitcoin, sa valeur est intrinsèquement lié à 4 aspects principaux : sa rareté programmée, l'arrimage au monde financier (par le biais des ETFs), l'avilissement des monnaies papiers (Euro, Yen, Dollar, Yuan,...) et son statut de nouvelle technologie.
Pour ce qui est des autres cryptomonnaies (Ethereum, Solana,...) leur valeur véritable est liée aux cas d'usage, ce qui veut dire que dans plus de 95% des cas, la valeurs des milliers de cryptomonnaies référencées sur Coinmarketcap est de zéro.
De toute façon, je ne crois pas que les cryptomonnaies puissent véritablement se stabiliser avant que la bulle Tether n'ait explosée.
En 2024 donc, le retour aux actifs réels risque de faire beaucoup de mal aux acteurs du marché, même si le retour à la réalité prendra de nombreuses années.
Les écrits ci-dessus ne reflètent, bien entendu, que mes propres prévisions et pour un certain nombre d'entre elles, j'espère sincèrement me tromper.
Comme souvent, il y a les événements imprévus qui ne manqueront pas de faire pencher la balance dans un sens ou dans l'autre. En tout cas, une récession économique mondiale est plus que probable.
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