"Le marché a toujours raison"
Abruti Anonyme
Je connais bien cette affirmation selon laquelle "le marché a toujours raison" : c'est ce que me dit régulièrement d'un air satisfait, l'un de mes amis, comme s'il venait de démontrer l'un des trois principes de la thermodynamique, et à chaque fois qu'il m'annonce cela, avec son air repu, j'ai envie de lui annoncer dans la foulée qu'il est le plus grand sottard de la création !
Mais je ne dis rien. C'est mon ami, après tout. Aujourd'hui, j'ai quand même décidé d'écrire, ... pour lui et pour tous ceux qui prennent une expression fausse pour expliquer la situation des marchés financiers.
Le marché n'a pratiquement jamais raison.
Ce serait même la situation inverse : le marché a toujours tort.
Je dirais que le marché a toujours tort parce qu'il surestime la valeur d'une action ou bien au contraire parce qu'il la sous-estime.
Il est donc en sur ou en sous évaluation, parfois pour de bonnes ou de moins bonnes raisons.
Il peut à la fois la sous-estimer sur le court terme et la surestimer sur le long terme, ou bien l'inverse.
Quand je dis que le marché a toujours tort, je ne dis pas cela par dépit d'avoir été, dans le passé, à contre-courant de la tendance majoritaire. Je souhaite simplement prendre acte du fait que les oscillations permanentes des cours représentent pour l'investisseur un rattrapage du marché dans un sens ou dans l'autre, plutôt qu'un challenge de court terme pour le day trader consistant à courir en permanence derrière les variations des cours.
L'objectif de l'investisseur "value" est de se positionner sur ce qu'il pense être une anomalie de marché justement pour profiter à plus ou moins longue échéance d'un rééquilibrage du marché, celui-ci réalisant globalement, qu'il a mal valorisé l'action.
L'objectif, donc du bon investisseur, c'est de se positionner à l'achat ou à la vente, sur une valeur, et d'attendre que le marché réalise son erreur.
A-t-on des exemples de sociétés ou le marché continue d'avoir tort sur la durée ?
Oui, bien sûr, il y en a plusieurs.
On peut citer Tesla qui n'a jamais fait de résultat d'exploitation positif (autrement qu'en vendant des droits à polluer) et qui n'en fera sans doute pas, avant très longtemps.
Ce genre d'anomalie ne serait pas toléré, dans le cadre d'un vrai marché sain.
Mais ce que nous avons aujourd'hui sur les systèmes financiers, n'est pas un marché au sens où on l'entend habituellement, c'est à dire un lieu de rencontre de l'offre et de la demande.
A l'inverse, on peut citer une petite société française, telle que Cofidur (ALCOF) dont la capitalisation actuelle est bien en dessous de sa trésorerie nette, et qui est rentable depuis de nombreuses années. Et qui le restera probablement dans le contexte actuel, en dépit de la crise engendrée par le Covid-19.
Il y a aussi et je dirais presque, il y a surtout, un autre facteur qui entre en jeu : l'impression des banques centrales qui fausse l'ensemble du jeu.
Quand vous achetez une action 50 € et que la quantité d'euros mise à disposition globalement par la Banque Centrale Européenne double, il est logique que sans rien faire, le montant de cette action s'établisse désormais à 100 €. Il y a plus d'euros disponibles pour acheter la même quantité d'actions. Pour le coup, c'est la simple loi de l'offre et de la demande.
C'est pour cela que la valorisation d'une action est une opération très complexe voire impossible à calculer à l'instant T : il se peut que le cours d'une action puisse grimper alors que le comportement du sous-jacent (les résultats de la société) ne soient pas satisfaisants, simplement parce que la quantité de monnaie dans laquelle elle est valorisée a crû de manière exponentielle.
Mais bien sûr, ayant écrit cela, j'entends bien ce que signifie l'expression "le marché a toujours raison". Cela signifie avant tout : "ne luttez pas contre le marché, c'est à dire contre les forces de l'argent là quand elles s'imposent à vous".
Quand vous achetez une action 50 € et que la quantité d'euros mise à disposition globalement par la Banque Centrale Européenne double, il est logique que sans rien faire, le montant de cette action s'établisse désormais à 100 €. Il y a plus d'euros disponibles pour acheter la même quantité d'actions. Pour le coup, c'est la simple loi de l'offre et de la demande.
C'est pour cela que la valorisation d'une action est une opération très complexe voire impossible à calculer à l'instant T : il se peut que le cours d'une action puisse grimper alors que le comportement du sous-jacent (les résultats de la société) ne soient pas satisfaisants, simplement parce que la quantité de monnaie dans laquelle elle est valorisée a crû de manière exponentielle.
Mais bien sûr, ayant écrit cela, j'entends bien ce que signifie l'expression "le marché a toujours raison". Cela signifie avant tout : "ne luttez pas contre le marché, c'est à dire contre les forces de l'argent là quand elles s'imposent à vous".